En fait, L’Eté de Kikujiro est un road-movie picaresque, où l’enjeu n’est pas tant la recherche de la mère de Masao que les diverses et réjouissantes péripéties qu’expérimente le couple Masao/Kikujiro, à travers les embûches de passage, y compris un épisode inattendu de pédophilie, suivi d’un rêve flamboyant “à la manière” de Kurosawa. Kitano nous propose une galerie de personnages curieux ou drôlatiques, qui culmine avec le duo de motards final, transformés en Kappa ou en poulpes, malgré certaines longueurs vers la fin. Aux côtés de Masao (inter-prété par l’excel-lent Sekiguchi Yusuke), Kitano campe un personnage cocasse, dont la relation avec l’enfant nous conduit très naturellement à évoquer celle de Chaplin avec “le Kid” -comparaison qui ne laisse pas de flatter l’auteur. Inattendu, d’un charme indéfinissable, mais toujours présent grâce à une mise en scène fluide et légère, où la caméra fait appel aux sortilèges du Japon profond, L’Eté de Kikujiro est un film de vacances, qui témoigne à sa façon de la singulière schizophrénie de son auteur. Peut-être son prochain film sera-t-il de nouveau ultra-violent, fidèle à sa réputation, d’autant que Kitano a l’intention de le tourner aux Etats-Unis : y conservera-t-il son âme ? C’est tout ce qu’on lui souhaite. Signalons aux fans du film qu’un documentaire style “Making of” a été tourné par l’auteur de O-Kaeri, Shinozaki Makoto : Jam Session – Kikujirô no natsu, Koshiki kaizokuban, qui propose une vision impressionniste de la façon de tourner de Kitano. On espère le voir un peu plus tard sur nos écrans. Sore ja mata Max Tessier |