Lorsque les troupes américaines sont arrivées sur le sol japonais quelques heures après la fin de la guerre en 1945, leur ambition était claire : “reconstruire le Japon, pays oriental et étranger, sur le modèle des démocraties occidentales”. Pour y parvenir, les Américains vont redoubler d’efforts. Même si de nombreux ouvrages ont été publiés sur la période d’occupation américaine – qui s’étend d’août 1945 à avril 1952 -, de très nombreuses zones d’ombre subsistent. Aussi faut-il saluer le travail de John Dower qui vient de publier Embracing Defeat (Profiter de la défaite, éd. W.W. Norton, New York, 1999) dans lequel l’historien du Massachusetts Institute of Technology (MIT) place ces années de présence américaine dans une perspective historique plus large. En décrivant minutieusement ces huit années d’occupation au cours desquelles le Japon a dû réapprendre à vivre selon d’autres critères, l’auteur ne manque pas d’égratigner la politique de l’occupant. Il souligne en particulier le refus des responsables américains de s’appuyer sur l’expérience de “vieux” spécialistes du Japon dans leur volonté de réformer le pays du Soleil levant, préférant faire appel à de jeunes loups dont le regard sur l’Archipel n’était pas masqué par leur expérience passée. La mise en place de la Constitution, qui a été rédigée en moins d’une semaine au QG des forces américaines, en est une des plus flagrantes illustrations. A la lecture de cet ouvrage passionnant, on prend la mesure de la complexité de la tâche qui attendait ces hommes aux grandes ambitions, mais aussi des dérives qui ont accompagné leur mise en uvre. Odaira Namihei |