Quand il arrive enfin à Osaka, l’architecte de campagne (comme les médecins du même nom), assiste à une entrée en matière imposante et raffinée à la fois. ![]() Ce qui est frappant à Tokyo, c’est le système des contrastes d’échelle: les grands axes avec les buildings imposants, voir les gratte-ciel, et, perpendiculairement et soigneusement réparties, les traverses où s’organisent de “petits villages”. C’est donc un équilibre savamment dosé qui pourrait nous interpeller, nous autres maladroits copieurs des mégalopoles américaines. Un petit coin de banlieue, entre deux tours de Front de Seine ou entre une vingtaine de tours de la Défense, voir, entre deux rues de Rivoli ou deux boulevards St Germain. A Kyoto, c’est le rêve: ici, la mégalopole a disparu; la nature est généreusement conservée; les rivières respectées et mises en valeur. Les Parisiens, privés des leurs, en tomberaient jaloux. C’est vrai que les quartiers bordant la rivière Kamo sont privilégiés, avec à l’Est les montagnes, en fond de paysage. Ce qui est attachant et inquiétant à la fois, c’est que partout, il faut savoir lire l’ensemble et les détails. Ceci est valable pour l’urbanisme comme pour la construction. Un quartier est ordonnancé, structuré par de grands boulevards ou à l’inverse, brouillon et fait d’une multitude de ruelles, de traverses d’un à deux mètres de large, où tout est pittoresque, où même les poteaux électriques racontent une histoire. Les yeux ne suffisent plus pour tout voir. L’appareil photo n’est pas toujours efficace; la caméra s’imposerait car elle permettrait le passage des grands plans aux détails. Ce sont eux qui m’ont impressionné le plus. Mais bien trop nombreux, ils ne peuvent être évoqué ici. Toutefois, ce qui est sûr, c’est que l’image architecturale du Japon est bien celle de la liberté. Tout est permis. Aucune restriction ne semble venir freiner l’enthousiasme des architectes. Petits et grands programmes rivalisent d’ingéniosité, de traductions picturales nouvelles, de toutes écoles. Il n’y a pas comme en France, de doctrine et d’école imposant ses vues et mettant les confrères en position d’allégeance, d’autocensure. A Paris, comme en province, l’autocensure des architectes est évidente. Un modèle d’urbanisme et un type d’architecture administrativement correcte a conduit à des projets plus homogènes créant un style. Haussmann avait crée le sien. Au Japon, il semble bien qu’avant d’être administrativement correct, les projets soient imaginatifs et généreux. Jean-Loup Ferragut. A Osaka:- Umeda Sky Building de Hara Hiroshi – Kirin Plaza de Takamatsu Shin – Le Musée d’Art moderne de Maki Fumihiko – L’Hôtel de Ville à Shinjuku de Tange Kenzo |
