C’est à Oshima, une petite île au large de Hiroshima, dans la préfecture de Yamaguchi, que le SEL (système d’échange local) japonais fait en ce moment même son apparition. Rien de spectaculaire, pas de quoi organiser une convention nationale, mais tout de même un état d’esprit et une volonté qui pourrait faire tâche d’huile. Oshima, ses 24 000 habitants, dont 41 % de personnes âgées de plus de 65 ans, détient sans doute le peu enviable record national de l’île la plus âgée de l’archipel. Avec autant de personnes âgées, les ressources économiques de l’île diminuent au même rythme que l’exode îlien vers des rivages plus accueillants. C’est ce terrain-là qu’à choisi Kataoka Katsu, fondateur de la Shimin Bank (Banque des citoyens) et de SUPERNet (Développement de réseaux internet par transmission radio à haut débit) pour lancer en avril dernier une expérience de monnaie locale, L’Ecomoney. Fondée sur une tarification en Eco des services “bénévoles” à la communauté, l’Ecomoney se propose d’éviter la fuite des capitaux engendrés par l’activité économique restante sur l’île. A la différence du LETS (local exchange trading system) ou des SEL, qui sont nés du manque de liquidités chez les chômeurs de longue durée, l’objectif de l’Ecomoney japonais n’est pas d’échanger des services qu’on ne peut plus se payer, mais de comptabiliser des activités à caractère social ou bénévole rendant service à la commmunauté pour réinjecter cette monnaie dans l’économie locale. Un autre objectif primordial du système d’échange local japonais est de pallier à la déficience des services sociaux d’aides aux personnes alitées. Ainsi d’autres projets en cours considèrent une tarification locale des soins donnés par des bénévoles aux personnes âgées alitées, points soigneusement économisés par les bénévoles qui pourront plus tard bénéficier eux-mêmes de services équivalents lorsqu’ils n’auront plus la force de s’occuper de leur foyer. Il s’agit donc plus d’une mutuelle communautaire à structure verticale (c’est le bénévole qui bénéficiera lui-même à l’avenir des fruits de ses activités) plutôt qu’un système d’échange de services à un moment donné. Etienne Barral |