La divulgation du choix d’Onnaing, bourgade au nord-est de Valenciennes, pour l’installation de la deuxième usine de Toyota en Europe est intervenue le 9 décembre dernier. Après des mois de culture du secret sur le choix du futur site, l’information avait fini par s’éventer. Elle n’en a pas moins fait l’objet d’une annonce officielle, à Matignon, en présence du président de la firme automobile et de Lionel Jospin. La nouvelle a été bien acceuillie dans la région de Valenciennes, où le chômage atteint de tristes records. En effet, l’investissement de Toyota en France devrait avoisiner les 5 milliards de francs, et l’installation de l’usine devrait générer environ 2000 emplois directs et 3000 indirects. Pourquoi choisir la France, alors que les discussions sur les 35h de travail vont bon train, que les routiers font grève, que la fiscalité vient d’être alourdie et que le poids des charges sociales est très important ? Sans doute parce que la France est le 2ème marché automobile en Europe et que la part de marché de Toyota y est encore inférieure à 1%. Sans doute aussi parce que Valenciennes se trouve près de Bruxelles (où est installé le siège européen de Toyota) et du tunnel sous la Manche (l’autre usine Toyota est implantée en Grande-Bretagne) et que la région compte de nombreux équipementiers et une importante main-d’œuvre qualifiée. Comme le fait remarquer Virginie Malingre dans Le Monde “En s’installant dans une région où le chômage est élévé, Toyota pense pouvoir améliorer sa situation : il s’assure le soutien des politiques, la reconnaissance des consommateurs et peut proclamer que Toyota est une voiture française”. Seules ombres au tableau : il faudra attendre 2 ans pour les premières embauches; et les emplois de Toyota, dans le contexte actuel de surcapacité, en détruiront très probablement d’autres. Souhaitons que la “Funtime”, qui devrait sortir des chaînes françaises à partir de 2001, soit véritablement synonyme de “Fun Times” pour tout le monde…
Charles Gautier, “Toyota choisit la France”, Le Figaro, 04/12/97.
Frédérique Amaoua, “Dans le Nord, y’aura Toyota”, Libération, 04/12/97.
Virginie Malingre, “Toyota choisit la France pour créer au moins 2000 emplois dans l’automobile”, Le Monde, 04/12/97.
Juliette Ghiulamila, “Toyota arrive en France”, L’Usine Nouvelle, 04/12/97.
Airy Routier, “Pourquoi Toyota a choisi la France”, Le Nouvel Observateur, 04-10/12/97.
Jean-François Jacquier, “Toyota embraye à Valenciennes”, Le Point, 06/12/97.
Charles Gautier, “Toyota : fin du suspense à Matignon”, Le Figaro, 09/12/97.
Hugues Baudoin, “Comment Toyota a choisi Valenciennes”, Libération, 09/12/97.
Claude Askolovitch, “Onnaing la rouge se donne au nippon Toyota”, Marianne, 22-28/12/97.
LE CINEMA EN DEUIL Le cinéma japonais a perdu en l’espace d’une semaine un cinéaste et un acteur de renom. ITAMI Jûzo, auteur notamment de la comédie “Tampopo”, s’est suicidé alors que la presse à scandale menaçait de révéler sa liaison extraconjugale avec une jeune femme. Le cinéma perd avec lui un metteur en scène qui n’avait pas peur de bousculer les idées reçues, de monter en dérision les yakuzas et les sectes ou de dépeindre le Japon de la corruption. MIFUNE Toshiro était l’acteur fétiche de KUROSAWA pour qui il avait tourné seize films, parmi lesquels “Rashomon” qui a fait de lui une vedette internationale. Il était en effet un des rares acteurs japonais connus à l’étranger et avait même tourné à Hollywood. “Il était, surtout, un très grand acteur, au registre plus étendu que ne laisse croire le cliché du manieur de sabre impassible, et dont le destin fut intimement lié aux péripéties du cinéma nippon de l’après-guerre”, comme l’écrit Jean-Michel Frolon dans Le Monde . Il s’est éteint la veille de Noël.
E. W., “Itami, mort d’un provocateur”, Le Figaro, 22/12/97.
C. Jurgenson, “Jûzo Itami : le suicide rédempteur”, Le Figaro, 23/12/97.
Edouard Waintrop, “Mifune, mort d’un samourai”, Libération, 25/12/97.
Caroline Jurgenson, “Au-delà du samouraï”, Le Figaro, 26/12/97.
Jean-Michel Frodon, “Toshiro Mifune, le samouraï qui avait conquis l’Ouest”, Le Monde, 27/12/97.