Contrairement à ce que l’affiche ci-contre trouvée sur Internet laisse entendre, il n’y aura eu aucun suspense concernant l’issue des élections générales du 30 août. Tout au long de la campagne, les Japonais ont clairement montré leur intérêt pour ce scrutin et surtout manifesté leur désir de changement. Cela faisait des mois que des signaux très clairs avaient été lancés à destination du Parti libéral-démocrate (PLD) qui détient le pouvoir sans pratiquement discontinuer (excepté neuf mois en 1993-1994) depuis 1955. Lors des élections locales à Tokyo, le 11 juillet, le PLD avait enregistré un sérieux revers, laissant présager un raz-de-marée à l’occasion d’un prochain scrutin national. Il n’a pas fallu attendre longtemps pour voir le Parti démocrate (PDJ), la principale formation de l’opposition, donner une leçon à des libéraux-démocrates usés et incapables de proposer un changement que l’opinion publique appelait de ses vœux. Toutefois, la victoire du PDJ ne signifie pas pour autant que les électeurs lui accordent toute leur confiance. Ils ont moins voté pour le Parti démocrate que contre le Parti libéral-démocrate. Et à ce titre, le PDJ emmené par Hatoyama Yukio a intérêt à ne pas les décevoir. Car leurs attentes sont grandes. En l’espace d’une quinzaine d’années, le Japon a radicalement changé. D’une société “égalitariste”, il est passé à une société où les inégalités sociales ne cessent de s’amplifier. Cette instabilité sociale s’est accompagnée d’un bouleversement dans les relations internationales. L’émergence de la Chine qui vient officiellement de prendre la place du Japon en tant que seconde puissance économique de la planète, le désengagement des Etats-Unis en Asie qui se sont lancés dans une guerre contre le terrorisme à laquelle ils ont bon an mal an associé le Japon et la crise économique mondiale qui a frappé de plein fouet l’économie nationale, tout cela a affecté la confiance que les Japonais ont pu avoir à l’égard du PLD qui, pendant plus de 50 ans, a conduit l’Archipel sur le chemin de la prospérité. Mais en proposant de vieilles recettes inadaptées avant de conduire sans crier gare sur le chemin de la mondialisation, le Parti libéral-démocrate a déçu. Voilà pourquoi les Japonais ont suivi avec attention la campagne électorale. Dans un sondage réalisé par l’Asahi Shimbun, 91 % des personnes interrogées se disaient intéressées par ce scrutin. Ils ont été particulièrement sensibles aux programmes électoraux des partis en présence. Mis en ligne le 27 juillet sur son site, le programme du PDJ a été téléchargé plus de 150 000 fois le premier jour. Les électeurs ont ainsi pu comparer avec celui du PLD et finir par se dire que la seule façon de faire bouger les choses était de donner une majorité claire au Parti démocrate. Désormais, le PDJ va devoir agir. Dans son programme, il a fait beaucoup de promesses notamment au niveau de la lutte contre le vieillissement de la population ou encore de la relance du secteur agricole. Les mesures avancées par le parti ne permettent cependant pas de savoir quel est son grand dessein. En décembre 2006, le PDJ avait publié un document intitulé Vers un pays tourné vers l’environnement dont le monde sera fier dans lequel il décrivait sa vision à long terme du pays. Une vision très novatrice, peut-être trop. A tel point qu’on n’en retrouve rien dans le programme de 2009. Les Japonais ont donc obtenu ce qu’ils voulaient, à savoir le changement. Mais ils ne savent pas très bien de quoi sera fait leur avenir. Auront-ils la patience d’attendre que le PDJ fasse ses preuves ? Rien n’est moins sûr, car les électeurs ont apparemment saisi l’importance de leur voix et ils semblent bien décidés à en faire usage. Claude Leblanc |
Elections législatives 2009 Pour ou contre l’alternance politique ? Avec Asô Tarô (PLD), Hatoyama Yukio (PDJ) |