Pendant dix ans, avant de venir à Paris, je travaillais comme employée de bureau dans un temple zen, le Daianzenji. J’y ai appris beaucoup de choses, et le temps passé là-bas m’est encore très précieux. Le zen est difficile à comprendre, car la limite entre philosophie et religion est mince. En Europe, on considère plutôt le zen comme une philosophie, c’est sans doute la raison pour laquelle de nombreux étrangers non- bouddhistes viennent méditer dans les temples. Je pense qu’ils ne le feraient pas s’ils pensaient que le zen était une religion. Le prêtre du temple où je travaillais me disait souvent que la vie de bonze était, il est vrai, stricte et tenue par beaucoup de règles ; mais que malgré cela, la pratique du zen n’était pas différente de la vie elle-même. Il me disait que la pensée zen, c’est de vivre au maximum le moment présent, puisqu’il ne peut pas se répéter. De plus, si l’on suit la pensée zen selon laquelle l’homme et l’univers ne font qu’un, alors la méditation zen peut permettre de se libérer de soi et d’explorer l’univers. Le moine Dôgen (1200-1253) a dit ceci : “Apprendre la voie bouddhique, c’est apprendre qui nous sommes. Apprendre qui nous sommes, c’est oublier le “moi”. Oublier le “moi”, c’est être attesté par toutes les choses”. Dans cette exposition de gravures de soûtras zen, j’ai voulu présenter ma vision personnelle du zen, puisque j’y ai mêlé ce que j’ai appris à Paris. Graver un à un, dans le silence, les mots de ces soûtras, m’a permis de sortir du cadre étroit du “moi” et d’oublier l’ego. Cette exposition est à la fois un geste de gratitude envers le temple Daianzenji, et une présentation de ce qu’est le zen. Araki Yoshie |
A Espace Japon, jusqu’au 27 juin |
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