Ecrivain prolifique, Inoue Yasushi s’est intéressé à l’histoire ancienne dans de nombreux romans, invitant le lecteur à découvrir la Chine et la Mongolie, régions pour lesquelles il avait un attachement particulier. Avec Le Sabre des Takeda, l’auteur de Confucius (éd. Stock, 2001) et de La Favorite (éd. Philippe Picquier, 1994) dépeint le Japon du XVIe siècle, à une époque où les seigneurs se livraient des guerres sans merci pour le contrôle de territoires. Au milieu de cette violence, un personnage hors du commun fait son apparition. Il s’agit de Yamamoto Kansuke qu’Inoue décrit de la façon suivante: “sa taille était effroyablement courte. Elle ne dépassait sûrement pas les trois coudées”. Borgne, boiteux, de teint noir et marqué de petite vérole, l’homme est cependant devenu une légende dans ce Japon en proie aux divisions. Stratège génial et secret du clan des Takeda, il était le porteur d’une ambition, celle de l’unité du Japon. Inoue s’est donc emparé de ce personnage haut en couleurs pour nous livrer une chronique pleine de rebondissements et de héros comme seule une époque aussi agitée pouvait en accoucher. Tout au long de son roman, il passe de bataille en bataille, montre à quel point Yamamoto, malgré ses handicaps, était habile et intelligent. Il est l’archétype du héros japonais fidèle à son maître et à sa concubine Yubu. “Il ne le dit pas mais rien autant que les caprices de Dame Yubu n’avait le pouvoir de le plonger dans une sorte de griserie béate”, rappelle le romancier dans un style toujours alerte. C’est en partie grâce à Yamamoto que l’idée d’un Japon unifié a enfin pu voir le jour et se matérialiser quelques décennies plus tard. C’est ce Japon-là que le livre de François et Mieko Macé explore. Un ouvrage à tiroir que l’on peut lire chapitre après chapitre ou bien aborder au travers des différentes rubriques que les deux spécialistes ont concoctées pour le plus grand plaisir des curieux. Au-delà des images d’Epinal que l’on a souvent de l’époque d’Edo, à savoir le samourai et la geisha, les deux auteurs montrent la richesse de ce Japon d’Edo qui “apparaît de plus en plus comme une société dynamique et porteuse d’extraordinaires potentialités”. Grâce à ce livre dont on aurait pourtant aimé qu’il soit mieux illustré, il est donc possible de mieux appréhender un monde qui s’ouvre désormais à nous. Claude Leblanc |
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