Ce qu’il y a de bien en japonais avec les onomatopées, c’est qu’elles permettent d’exprimer toutes sortes de choses quelle qu’en soit la complexité. Prenons pour exemple le sujet suivant: le sevrage du nourrisson. Une question qui, si l’on s’y intéresse de près en lisant l’avis de spécialistes, fait recourir en français à toute une panoplie d’explications certes faciles à comprendre, mais parfois quelque peu alambiquées et manquant à mon avis franchement de concision. Entre le sevrage graduel, l’abrupt, le partiel et le naturel, on serait un peu perdu sans un bon mode d’emploi. Surtout qu’au final, tout le monde semble être d’accord sur un point: chaque enfant étant unique, toute donnée ne doit pas être suivie à la lettre mais doit être adaptée aux besoins de bébé. Je ne dis pas qu’en japonais tout devient forcément plus clair, mais il existe quelques syllabes qui ont au moins le mérite de déblayer le terrain. Je veux parler de ces quatre onomatopées qui expriment les quatre étapes de l’ingurgitation des aliments par les tout petits. Gokkun : bébé a entre 5 et 6 mois et il avale tout rond, sans mâcher. Mogu mogu : à 7 ou 8 mois, il mâchonne sans trop forcer. Kami kami : le voilà entre 9 et 11 mois qui mâche comme il faut, sans pour autant pouvoir faire le malin car il n’a pas encore toutes ses dents. Paku paku : il a entre 12 et 15 mois et ne se pose plus de question, un vrai glouton ! Pas besoin donc d’aller déchiffrer des kanji compliqués, et l’on se voit, le temps de quelques onomatopées, en grand spécialiste de l’alimentation des bébés. Et dire que certains continuent de croire et d’affirmer que le japonais est une des langues les plus difficiles du monde…
Pierre Ferragut