Le 17 septembre dernier, le premier minister japonais, Koizumi Junichiro s’était rendu en RPDC (République populaire démocratique de Corée) afin de renouer le dialogue avec le leader communiste Kim-Jong-il. Offrir à la Corée du Nord des réparations de guerre et surtout connaître la vérité sur le kidnapping d’une dizaine de Japonais enlevés entre 1970 et 1980 par les Nord-Coréens, étaient les points forts de cette visite. Le régime a reconnu les faits. Sur les treize otages, cinq ont survécu. Leur mission était de former les espions coréens à devenir de parfaits Japonais. Sur exigence du Japon, ces cinq rescapés ont été autorisés à venir une ou deux semaines au Japon retrouver leur famille, mais en laissant derrière eux celles qu’ils ont fondées en Corée du Nord, selon le veto de Kim-Jong-il. Grand émoi à leur arrivée sur le sol nippon, les retrouvailles avec les familles qu’ils ont dû oublier pendant plus de 20 ans ont montré à quel point l’humain peut devenir un autre sous la violence d’un endoctrinement. Ils sont apparus craintifs, arborant le badge à l’effigie du Grand leader et sont restés vagues sur leur vie, comme surveillés. Le premier ministre japonais leur a offert un passeport japonais et le droit de se réinstaller sur l’archipel. Il a été jusqu’à rompre sa parole qui promettait de renvoyer les 5 ex-otages vers la Corée du Nord le 27 octobre. Il insiste pour que les enfants des intéressés les rejoignent au Japon. Clash diplomatique deux jours avant les journées sur la normalisation des relations entre les deux pays, prévues à Kuala Lumpur les 29 et 30 octobre. Non pas que la Corée du Nord ne veuille pas laisser partir ces ex-Japonais, comme on leur a dit avant leur départ, ils ne sont plus «utiles» maintenant, mais pour Kim-Jong-il, c’est une «question de principe», Tokyo a rompu un engagement, les enfants des ex-otages resteront en Corée du Nord. Le leader utilise cet événement comme outil de négociation : il ne parlera plus de ce problème ni du programme d’armement nucléaire tant que le Japon n’aura pas «normalisé» ses relations avec la Corée du Nord, c’est-à-dire payé les réparations de guerre, fonds sévèrement attendus par le pays en crise. Au contraire, Koizumi met avant toute poursuite du dialogue le retour au pays des otages et de leur famille, ce qui n’est pas forcément du goût de ses derniers. Quand à la question du problème nucléaire, elle est ainsi résumée par le leader communiste «une solution définitive au problème du nucléaire ne pourra être trouvée qu’à travers une négociation directe avec les Etats-Unis (…) aussi longtemps que nous serons menacés par les Etats-Unis, nous n’avons aucune raison de justifier nos efforts pour nous défendre» selon Pak Ryong-yon.
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Richard Werly, «Retour contrôlé des otages de Pyongyang à Tokyo» , Libération, 16/10/02. Richard Werly, «Tokyo-Pyongyang : normalisation chaotique» , Libération, 29/10/02. Philippe Pons, «La Corée du Nord refuse toute concession au Japon et veut discuter directement avec les Etats-Unis», Le Monde, 01/11/02. |
PRIX NOBEL Deux nouvelles distinctions viennent rejoindre les rangs des prix Nobel japonais : le prix Nobel de physique pour M. Koshiba Masatoshi et celui de chimie pour le jeune Tanaka Koichi (43 ans). C’est le quatrième prix Nobel pour le Japon en trois ans. Ce n’est pas un hasard si l’on considère à quel point le Japon s’investit dans la recherche fondamentale. C’est le pays qui dépense le plus en recherche, juste derrière les Etats-Unis. Secteur privé et recherches universitaires unissent davantage leurs efforts, les coopérations internationales s’intensifient avec dix mille chercheurs invités au Japon chaque année, et c’est sur ses incontestables atouts que le pays mise avec raison (robots, ordinateurs, portables…). Tanaka Koichi est un Nobel atypique mais sa reconnaissance traduit les changements qui s’opèrent lentement au sein des universités et ces centres de recherches aujourd’hui au Japon : conserver la part de respect indispensable accordée au savoir des anciens tout en favorisant les individualités et en stimulant la créativité afin de dépasser le simple stade de l’adaptation des innovations aux besoins locaux (comme c’était le cas de la mission des ingénieurs des années 60-80) et parvenir à générer de la nouveauté, de l’inédit. Le prix Nobel obtenu par Tanaka a boosté la cote de la société pour laquelle il travaille. Les actionnaires croient à la technologie, elle est l’avenir économique du Japon, sur elle repose des enjeux dignes des plus grandes guerres.
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Jean-François Augereau, «Le prix Nobel de physique couronne le monde de l’invisible», Le Monde, 10/10/02. Michel Alberganti et Hervé Morin, «Le prix Nobel récompense trois chimistes pour leurs travaux sur l’analyse des molécules», Le Monde, 11/10/02. Philippe Pons, «Le Japon vise une « sortie de crise » par la science», Le Monde, 18/10/02. |
POURQUOI TU PLEURES ? Décidément les chercheurs japonais ont la cote, ils vont jusqu’à isoler et détruire l’enzyme qui nous fait pleurer quand on épluche les oignons! On a frôlé le troisième prix Nobel japonais de l’année…Terminées les irritations occulaires titillant nos glandes lacrymales, versons une dernière larme sur l’oignon du XXe siècle, vive l’OGM-oignon ! |
Dépêche AFP, «Un oignon qui ne fait pas pleurer», Le Monde, 18/10/02. Jennifer Pocart |
Jennifer Pocart |