Cela a souvent été remarqué. Le Japon a toujours eu beaucoup de mal avec son passé, en particulier celui relatif à la Seconde guerre mondiale, au cours de laquelle l’armée impériale s’est bâtie une méchante réputation. Le silence embarrassé des Japonais vis-à-vis de ce passé peu glorieux s’explique avant tout par le rôle ambigu joué par l’empereur Hirohito dans la politique agressive menée dans toute la région. A la fin du conflit, les Américains décidèrent de ne pas s’en prendre à ce personnage “divin” afin de faciliter un retour à la normale au pays du Soleil levant et de s’en faire un allié au moment où la guerre froide pointait le bout de son nez. Malgré l’absolution américaine, de nombreuses questions sur la responsabilité de l’empereur ont continué et continuent toujours à agiter les historiens. Si certains ont choisi de dire que l’empereur n’était qu’un pantin entre les mains des militaires, d’autres estiment que celui qui a régné sur le Japon jusqu’en 1989 était un véritable criminel de guerre. Dans l’ouvrage qu’il vient de publier, Herbert Bix, historien qui enseigne à l’université Hitotsubashi à Tokyo, appartient résolument au camp de ceux qui pourraient comparer Hirohito à Hitler. Dans Hirohito and the Making of Modern Japan (Hirohito et l’élaboration du Japon moderne, éd. Harper Collins, 2000), l’auteur montre que l’empereur disposait d’une influence réelle sur les militaires et que l’image du personnage manipulé ne tient plus. S’appuyant sur des archives rendues publiques récemment, Herbert Bix offre un livre polémique dont on n’a pas fini de parler.