L’auteur, Muriel Jolivet, qui réside au Japon depuis plus de 25 ans et qui enseigne la sociologie à l’Université Sophia à Tôkyô, a voulu se livrer à une analyse psychosociologique détaillée de leurs sentiments et des composantes de leur personnalité depuis l’enfance, et elle y parvient à merveille. Elle nous présente les divers aspects de leur vie (famille, couple, éducation, travail) à travers le témoignage d’une soixantaine d’entre eux. On apprend presque tout ce que l’on peut savoir sur ces hommes qui ont été broyés par le système, qui ont perdu leurs repères et qui sont le plus souvent prisonniers de leurs entreprises. Oppressés et en quête de changement, certains en viennent à refuser tout conformisme et se mettent en marge de la société. Ces hommes expliquent sans détour, sans honte ni pudeur, dans une conversation très libre, leurs angoisses et leurs interrogations, dépassés par un mode de vie qui n’avait sa raison d’être qu’après la guerre mais qui n’a plus de fondements dans le Japon contemporain. Muriel Jolivet a su trouver le ton juste pour rendre ces témoignages riches et profonds dont la lecture est très agréable, mais dont la traduction pouvait présenter des obstacles. Elle réussit à fournir les éléments susceptibles d’aider à mieux comprendre le devenir des hommes dans la société japonaise, devenir qui peut inspirer une vive inquiétude. À tout un chacun de porter le jugement qu’il convient. Homo Japonicus, document humain étonnant et passionnant, me semble indispensable à tous ceux qui cherchent à se documenter sur le Japon actuel. Muriel JOLIVET, Éditions Philippe Piquier, 398 p., 139 F |