L’été 2008 aura été marqué par la sortie de deux dessins animés très attendus dans les salles obscures de l’Archipel. Le premier est celui signé par Miyazaki Hayao Ponyo sur la falaise (Gake no ue no Ponyo), le second est l’œuvre de Oshii Mamoru The Sky crawlers (Sukai kurora). Dixième long métrage de Miyazaki, Ponyo était très attendu par les fans du réalisateur qui n’avait rien produit depuis quatre ans. L’histoire est celle de Sôsuke, un petit garçon de 5 ans, et de la princesse poisson Ponyo qui désire devenir un être humain. Les responsables du Studio Ghibli ont bien préparé la sortie de ce film, en entretenant soigneusement le suspens de façon à créer l’événement. Après trois jours d’exploitation en salles, le dessin animé avait déjà attiré plus de 1,2 million de spectateurs. Nul doute que l’année 2008 sera bonne pour le box-office japonais grâce au talent de Miyazaki. Faut-il rappeler que les trois meilleures recettes du cinéma japonais sont dans l’odre Le Voyage de Chihiro (Sen to Chihiro no kami kakushi, 2001), Le Château ambulant (Hauru no ugoku shiro, 2004) et Princesse Mononoke (Mononoke hime, 1997) tous signés par le maître Miyazaki. L’une des caractéristiques de ce nouvel opus est le refus d’utiliser l’ordinateur dans la réalisation alors que la plupart des productions récentes s’appuient sur de puissants ordinateurs pour produire des films à l’animation de plus en plus fluide. Pour Ponyo, Miyazaki et ses assistants ont dessiné à la main quelque 170 000 planches. “Par expérience, nous avons compris que les gens ne sont plus fascinés par les créations numériques. C’est pour cela que nous avons choisi de tout faire au crayon. Notre force est justement là”, a expliqué le réalisateur pour justifier son choix. Cela donne au film un style très particulier qui ne manquera pas d’interpeller le public français lorsqu’il sortira sur les écrans de l’Hexagone en avril 2009. D’ici là, le film aura été présenté à la Mostra de Venise. Rappelons que Le Voyage de Chihiro avait obtenu au Festival de Berlin l’ours d’or du meilleur film en 2002. Une récompense italienne serait évidemment un atout supplémentaire pour la carrière internationale de Ponyo. Et si la récompense était attribuée à The Sky crawlers, la dernière réalisation d’Oshii Mamoru à qui l’on doit notamment Ghost in the shell (1995) ? Sorti deux semaines après Ponyo dans les salles japonaises, The Sky crawlers raconte l’histoire d’une bande d’adolescents, les Kildren, qui refuse de perdre dans une guerre aérienne programmée par les adultes. Adaptation d’un roman de Mori Hiroshi, ce film prend un peu de distance avec le roman dont il s’inspire pour accorder un peu plus de place au divertissement. Dans sa première livraison du mois d’août, le magazine de cinéma Kinema Junpô revenait d’ailleurs sur cet apsect, rappelant les propos d’un certain Miyazaki Hayao qui disait à propos d’Oshii Mamoru qu’il “pensait trop” et “ne pensait pas assez au divertissement”. Le bimensuel rappelait également que les deux réalisateurs entretiennent une certaine rivalité puisque les sorties de leurs films ont souvent lieu en même temps. Cela n’empêche pas Oshii Mamoru de vouloir délivrer un message aux jeunes générations dans un pays, le Japon, où elles manifestent leur mal-être de façon parfois très violente. Le refus du fatalisme ou l’amour figurent en bonne place dans ce long métrage très prometteur. Le public visé n’est pas bien sûr le même que celui de Miyazaki beaucoup plus universel, mais cela n’empêche pas de penser que The Sky crawlers a toutes les chances de séduire des spectateurs désireux de se projeter dans un monde plus ancré dans la réalité que l’approche fantaisiste de Miyazaki. Les deux films démontrent en tout cas, toute la vitalité du cinéma d’animation made in Japan.
Ponyo sur la falaise (Gake no ue no Ponyo)
Le dernier film de Miyazaki Hayao fait déjà un carton au Japon
C. L.