Passons si vous le voulez bien sur les sonneries de téléphones portables, innombrables et surtout inclassables depuis l’utilisation systématique des mélodies qui rendent totalement anachronique le bon vieux jirijirijirin (driiiiing!) des appareils fixes à cadran. Les sonneries de maisons et d’appartements, elles, font preuve de bien moins d’originalité, et sonner chez quelqu’un au Japon revient presque nécessairement à faire pin pon. Rien à voir avec le sport de raquettes du même nom, et encore moins avec la sirène des pompiers (certes plutôt similaire : piii pooo !) qui, en cas de feu, s’accompagne depuis 2004 de coups de cloches : kan kan! Bien sûr, toutes les habitations de l’Archipel ne sont pas forcément équipées d’une telle sonnette, et il arrive parfois que la seule solution pour faire remarquer son arrivée soit de rentrer sans frapper en criant haut et fort “gomen kudasai!” (y’a quelqu’un ?). Mais quand sonnette il y a, le conformisme semble de rigueur. S’il peut effectivement y avoir quelques variantes d’une maison à l’autre, il n’y a en revanche qu’une seule onomatopée pour les exprimer. Doit-on y voir la manifestation de l’attachement aux codes des Japonais ? Car entre la sonnerie du téléphone, celle du micro-onde, le signal du camion qui fait une marche arrière au pied de l’immeuble, celui du feu de signalisation d’en face qui indique aux piétons qu’ils peuvent traverser, la sonnerie qui avertit que le linge a fini de tourner et qu’il ne vous reste plus qu’à aller l’étendre, ou encore celle du bain qui prévient que celui-ci est rempli et qui stoppe l’écoulement de l’eau (si si, ça existe), on est en droit d’exiger une certaine constance dans les sons, question de ne pas se perdre dans ce fourbi sonore.
Pierre Ferragut