![]() Avec Lettres d’Iwo Jima (Iwo Jima kara no tegami), second volet du dyptique initié avec Mémoires de nos pères, Clint Eastwood a filmé “de l’intérieur” la célèbre bataille d’Iwo Jima, en adoptant la vision (sinon le parti…) des troupes impériales chargées de défendre cette île-rocher ingrate du “sol sacré japonais”, face à l’Armada américaine. Fait rarissime pour une production américaine (de Steven Spielberg, qui plus est), cette chronique historique est jouée entièrement par de vrais acteurs japonais (et non chinois, ou nippo-américains…), en tête desquels Watanabe Ken dans le rôle-clé du général Kuribayashi et Ihara Tsuyoshi, dans celui du baron Nishi (qui participa comme écuyer aux jeux olympiques de Los Angeles en 1932), et en langue japonaise. Contournant les clichés, le vétéran Eastwood, au meilleur de sa forme technique, transcende les archétypes par une mise en scène d’une puissance rare, et nous agrippe d’un bout à l’autre du film, entre scènes de combat hyper-réalistes et émotion des vaincus suicidaires. Le ton, subtilement objectif, où nul n’est épargné, est évidemment très différent de celui de l’autre grand film americain sur le sujet, The Sands of Iwo Jima tourné par Allan Dwan en 1949, avec John Wayne en vedette… Clint Eastwood, qui, décidément, se bonifie avec le temps, cristallise ici la trouble fascination encore exercée par l’ancien ennemi mortel (devenu le principal allié en Asie), soixante ans après cette tragique confrontation. “Clint Eastwood, Banzai !” Sore ja, mata, Max Tessier |
Photo : Watanabe Ken dans Lettres d’Iwo Jima de Clint Eastwood (2006) |
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DVD : OZU deuxième![]() C. L. Voyage à Tokyo, d’Ozu Yasujirô, éd. Carlotta, 2007, 24,90e. |
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Claude Leblanc
