Loin de surprendre, je vais sans aucun doute rappeler quelques souvenirs à tous ceux qui ont séjourné ne serait-ce que quelques jours dans l’Archipel et qui ont pu expérimenter les toilettes publiques locales. En France, le manque, sinon l’absence, de ces dernières continue de sidérer un grand nombre de touristes nippons de passage. Certains vont même jusqu’à affirmer que si le métro parisien respire parfois une telle odeur d’urine, c’est que les Français se soulagent dans ses couloirs! Et quand les W.C. tant désirés se dévoilent enfin, il s’agit bien souvent de l’une de ces sanisettes si inquiétantes et… payantes. Au Japon, on trouve des toilettes publiques n’importe où, et personne n’imagine que l’on puisse faire payer le droit de déféquer ou d’uriner, surtout pour quelques gouttes. En balade, lors d’une séance de shopping ou même sur le trajet du travail, on peut donc évoluer l’esprit tranquille, sans avoir à s’inquiéter pour sa vessie. Pourtant, malgré cette profusion des lieux d’aisance dans toutes les villes du pays, il faut dans certains cas s’armer de patience avant de pouvoir apaiser son envie. Je garde en effet toujours en mémoire le voyage organisé auquel j’ai pris part il y a quelques années dans la préfecture de Nagano, et plus précisément les longs déplacements en car et les arrêts pipi. Vingt minutes de pause, c’est court quand les passagers de dizaines de cars choisissent le même moment pour aller décharger. Le bâtiment qui renferme les toilettes, en face du parking juste à côté de la boutique de souvenirs, a beau être impressionnant par son étendue, il n’empêche que faire la queue s’impose. Côté femmes comme côté hommes, la foule défile à la queue leu leu et en silence, au rythme des coups de chasses d’eau: jaaaa.
Pierre Ferragut