Toujours hors des sentiers battus, La Maison de la culture du Japon nous propose cette fois de partir à la découverte de deux cinéastes/scénaristes méconnus, dans le premier volet de sa série “Grands Scenaristes Japonais” : Itami Mansaku (1900-1946), et Itô Daisuké (1898-1981). Compagnons de route de l’époque héroïque et dorée du cinéma japonais, au style différent, sinon opposé, Itami et Itô ont chacun marqué de leur sceau le développement rapide du jidai-geki (film d’époque). Itami Mansaku était aussi un admirateur des comédies américaines et européennes (Lubitsch et René Clair, entre autres), et Itô Daisuké un explorateur de toutes les possibilités du jidai-geki. Tous deux ont souligné l’importance primordiale du scénario, contrairement à la majorité des cinéastes actuels, pour qui la forme est tout. Déjà, en 1936, Itami écrivait, à propos des adaptations littéraires qui fleurissaient au Japon : “on a souvent souligné la liberté de l’expression cinématographique, mais mon expérience de réalisateur me permet de dire que le cinéma comporte aussi un nombre plus important encore de contraintes…”. Dans le programme proposé par la Maison de la culture du Japon (jusqu’au 24 septembre), et qui comporte nombre de raretés, on peut recommander quelques films essentiels, parmi ceux qui subsistent aujourd’hui: la première version de Yukinojô hengé (La Vengeance d’un acteur) de Kinugasa Teinosuke (1935), suivi du très beau remake réalisé par Ichikawa Kon (1963), tous deux scénarisés par Itô Daisuké, la plus fameuse version du Pousse-Pousse (Muhômatsu no isshô, 1943), de Inagaki Hiroshi sur un scénario de Itami, la comédie d’époque très connue de Itami Mansaku, Akanishi Kakita (1936), et les grands classiques du genre écrits et/ou réalisés par Itô, comme Ôsho (le Joueur d’Echecs (1948), Benten Kozô (1958), ou encore des films plus tardifs, écrits par Itô, et réalisés par Misumi Kenji (Nemuri Kyôshirô buraikan, 1966, ou Zatôichi Jigokutabi, 1965), ou par le grand Uchida Tomu (Shinken Shôbu – Duel à mort, 1970). Que ce soit au hasard ou par choix calculé, ne manquez pas ces films rares ! Enfin, pour la treizième fois, le rituel de l’Etrange Festival, au Forum des Halles, s’est deroulé selon des fastes connus de lui seul, en faisant une fois de plus une très large place au Japon. Cette année, c’est la Carte Blanche au cineaste Nakata Hideo (Ring), en sa présence, qui a attiré les fans de tout poil. A côté de M le Maudit (version Joseph Losey), de Max Ophuls (Lettre d’une inconnue) et de… Ogawa Shinsuké (Nihon-koku, Furuyashiki, 1982, 3h30), ce sont évidemment les films de genre qui ont fait un tabac. Et notamment ceux de Kato Tai (Liens de sang – Mabuta no haha, 1962) et le très beau et ultime film de Nakagawa Nobuo, Koheiji l’Immortel (Ikiteiru Koheiji, 1982). Le maître Nakagawa faisait d’ailleurs le lien avec l’alléchant programme de baké-mono (films de fantôme), qui a réveillé notre imaginaire nippo-ancestral avec notamment l’extraordinaire Le Chat Fantôme (Bôrei kaibyô Yashiki, 1958), et le mythique L’Enfer (Jigoku, 1960). Sore ja, mata, |
Nemuri Kyoshiro buraikan de Misumi Kenji |
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