Les prisons japonaises, c’est l’enfer. Et sans vouloir jouer sur les mots, il convient de souligner que l’un des deux caractères utilisés pour former le terme officiel désignant la prison en japonais, kangoku, se retrouve aussi dans le mot enfer, jigoku. Voilà pourquoi les autorités lui ont préféré depuis 1922 un terme plus neutre keimusho. Et même si Hanawa Kazuichi dans son manga a choisi d’utiliser le terme administratif, Keimusho no naka (Dans la prison), ce dernier montre à quel point les geôles japonaises peuvent être un enfer. Partant de son expérience personnelle — il a été condamné à trois ans de prison en décembre 1994 —, le mangaka rapporte le quotidien du prisonnier lambda au travers de ses repas, de l’uniforme des gardiens ou de la description minutieuse de sa cellule. Il ne s’agit pas pour lui de dénoncer la dureté de l’emprisonnement qu’il semble vivre comme une certaine forme de libération personnelle. Mais en focalisant son trait sur les détails d’une existence morne et répétitive, Hanawa donne à l’univers carcéral nippon toute sa noirceur. On ne peut que féliciter l’éditeur à qui l’on doit déjà la publication de l’extraordinaire Homme sans talent de Tsuge Yoshiharu d’avoir choisi de donner sa chance à ce manga hors du commun. Claude Leblanc |
Dans la prison, Hanawa Kazuichi, traduit du japonais par Thibaud Desbief, éd. Ego comme x, 2005, 25€. |
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