A l’heure où j’écris ces quelques lignes, le 58ème festival de Cannes n’a pas commencé, et peu de films sélectionnés sont visibles. Certains ne sont pas terminés ou peut-être cachés… Mais force est de constater que la présence japonaise sur la Croisette, au moins en termes de quantité, est indéniable, et ce dans toutes les sections. Mélange bizarre de noms plus ou moins consacrés, et tout à fait nouveaux, la sélection nippone “tous azimuts” ne manque pas de surprendre. D’un côté, la Quinzaine des réalisateurs présente deux “revenants”, avec Umoregi (The Buried forest, ou en français , La forêt oubliée), le dernier film de Oguri Kôhei, qui n’avait rien tourné depuis son Nemuru otoko (L’Homme qui dort, 1996), et Who’s Camus anyway ? (Kamu, nante shiranai) de Yanagimachi Mitsuo (surtout connu pour Himatsuri, montré dans le cadre d’Un Certain Regard en 1985), qui n’avait rien tourné non plus depuis dix ans… Curiosité, espoir et inquiétudes donc, pour ces deux cinéastes rares, étranges rescapés d’un système de production qui ne leur est pas favorable. A noter aussi deux courts métrages projetés à la Quinzaine, Consultation room (Shinsatsu-shitsu, 9′), de Oyama Kei, et Trilogy about clouds (Mittsu no kumo, 14′) de Tsuji Naoyuki. Pourtant, la véritable curiosité viendra sans doute du nouveau film de Kobayahsi Masahiro, en compétition, Bashing, dont le sujet explosif (le sort des otages japonais en Irak) constitue sans doute l’intérêt essentiel, de la part d’un “auteur” improbable, dont pas moins de trois films ont été présentés dans diverses sections de Cannes, sans succès, et dont aucun n’est sorti en salles. C’est à se demander si M. Kobayashi “abonné” cannois, peut encore nous surprendre… Autre (semi-)abonné de Cannes, depuis Eureka (2000), Aoyama Shinji nous revient avec un film étrange, ajouté in extremis au Certain Regard (après avoir frôlé la compétition), Eli, Eli, Lema Sabashita ni ? en forme de citation de la Bible (litt. “Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?”), à propos d’un nouveau virus qui envahit l’humanité dans un avenir proche. Suspense garanti. Enfin, le vétéran Suzuki Seijun fait lui l’objet d’une “séance spéciale” avec Operetta Tanukigoten (Princess Raccoon), une sorte de suite à son inégal Pistol Opera, extravagance baroque, qui nous avait un peu laissés sur notre faim, après ses splendides films précédents, tel Yumeji, présenté à Cannes en 1991. Enfin, la Semaine de la Critique, qui, en général, n’est pas très “branchée Japon”, nous offre, cette fois, le premier long métrage du jeune Uchida Kenji, A Stranger of mine (Unmei ja nai hito), en trois épisodes, produit grâce à la Fondation PIA, et sur lequel les échos sont plutôt favorables. Face à la déferlante coréenne, le cinéma japonais a donc encore quelques cartes à jouer. Sore ja, mata, Pour en savoir plus : |
Umoregi de Oguri Kôhei |
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