Puisque l’obésité se développe dans tous les pays riches, le Japon n’est pas épargné. Certes moins préoccupante que la situation en France avec ses 4 millions d’obèses, la question n’en est pas pour autant négligeable dans l’Archipel. Elle concerne en effet 2,3 millions de personnes dont la moitié révèlent des problèmes de santé (hypertension, diabète, etc.) et requièrent les soins d’un médecin. Entre autres facteurs à cet état de faits, la vie alimentaire a connu après la Seconde guerre mondiale des changements très révélateurs de l’évolution de la corpulence des Japonais. Autrefois, le riz était véritablement au centre de l’alimentation, et en 1960 encore on en consommait une moyenne de cinq bols par jour (315g) contre seulement trois aujourd’hui (178g). La consom-mation de graisses et de viandes d’élevage s’est peu à peu normalisée pour permettre au Japon de s’enorgueillir jusqu’aux années 80 d’avoir atteint une vraie maturité alimentaire. Ensuite, l’absorption en quantité de plus en plus importante de lipides a inversé la tendance et l’équilibre est à nouveau perdu. En 1960, le steak de bœuf constituait un véritable plat de luxe que l’on s’offrait timidement une fois par mois. Ces dernières années, il fait partie de ces plats courants consommés une fois par semaine. Et quand on voit la façon avec laquelle les restaurateurs s’y prennent pour appâter le client, quand on voit le nombre d’émissions TV ou de magazines spécialisés qui font la publicité pour ces mêmes restaurateurs, quand on voit tous ces distributeurs de sodas, ces konbini ouverts 24h/24 et ces restaurants qui servent en dehors des heures de repas, comment ne pas trouver naturel de croiser un de ces Nippons obèses arpenter les rues en remuant son corps à la chair si flasque : buyo buyo. Pierre Ferragut