Après les années de défrichage dû au travail inlassable de quelques pionniers, une nouvelle génération d’éditeurs français explore le monde du livre nippon. |
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Dans un passé pas si lointain que cela, il y a eu les pionniers. Philippe Picquier et Actes Sud, pour ne citer que ceux-là, se sont lancés dans l’exploration de la littérature japonaise, abandonnant aux grandes maisons parisiennes les grands noms tels que Kawabata ou Mishima. Leur désir de sortir de nouveaux talents et de les présenter au public français nous a permis de découvrir des auteurs aussi différents les uns des autres que Ogawa Yôko, Murakami Ryû ou Okuizumi Hikaru. Travaillant avec une nouvelle génération de traducteurs, les deux éditeurs implantés à Arles ont réussi leur pari, contribuant à susciter la curiosité des gros éditeurs à Paris, qui décidèrent aussi de se lancer à la conquête de la littérature made in Japan. Seuil puis Belfond ont parié sur Murakami Haruki tandis que Le Mercure de France donnait sa chance à Tsuji Hitonari, non sans un certain bonheur puisque son premier roman publié en France, Le Bouddha blanc (Hakubutsu), a obtenu le prix Femina en 1999. D’autres secteurs de l’édition ont connu des destins similaires au cours des dernières années, en particulier celui de la bande dessinée. Il a fallu que Tonkam entreprenne d’explorer le monde du manga pour répondre aux attentes d’un public nourri de dessins animés japonais, pour que les éditeurs spécialisés comme le Belge Casterman se lancent à leur tour dans l’aventure. En l’espace de 10 ans, le nombre d’ouvrages traduits du japonais a plus que quadruplé en France. Pour les quatre premiers mois de l’année 2004, on recense déjà plus de 130 livres japonais parus en France, chiffre qui correspondait, il y a une dizaine d’années, au total annuel. Si l’on atteint de tels sommets, c’est grâce au travail des “pionniers” et à la volonté d’une multitude de jeunes maisons d’édition qui, du nord au sud de la France, ont entrepris d’explorer de nouvelles voies afin de présenter un Japon ouvert aux multiples visages. C’est le cas des éditions IMHO, fondées en septembre 2003, dont le premier ouvrage paraît ces jours-ci. Voulant mettre sur pied “une plateforme éditoriale transversale à même de permettre des rencontres entre les différents champs artistiques”, comme l’explique l’un de ses piliers Benoît Maurer, IMHO a d’abord choisi d’éditer Cinderalla de Mizuno Junko, l’histoire d’une cendrillon déjantée qui part en enfer à la recherche de son père mort de “s’être trop goinfré” mais indispensable pour faire tourner le restaurant de yakitori. Rompant avec le style des manga habituels, Cinderalla constitue un coup de maître de la part des éditions IMHO. “L’émergence de la culture manga au début des années 1980 et son rejet partiel ont donné naissance en France à une communauté qui parfois dans ses extrêmes tourne à la véritable dictature et à enfermer le Japon dans une image plate et factice, limitée à quelques préjugés bien difficiles à combattre”, poursuit Benoît Maurer qui défend notamment le choix de Mizuno Junko parce qu’elle n’est pas seulement mangaka mais qu’elle travaille aussi dans le graphisme. Donner sa chance à des auteurs moins connus mais plus originaux Des éditeurs audacieux qui veulent renouveler l’image du Japon Retrouvez tous les ouvrages cités et bien d’autres encore sur www.japonline.com. |
Cinderalla de Mizuno
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