Toute la grille des programmes de NHK1 s’articule autour de l’information : le journal de 5h30, relayé par ceux de 6h et 7h, se termine à 8h15, puis il y a un journal ou un flash d’information toutes les heures sauf à 20h et 21h, où pour cette tranche horaire, le journal est à 20h45. Dans la journée, souvent, des émissions politiques ou des actualités régionales. Mais le flux de nouvelles est neutralisé par une manière de présenter l’information : les sujets internationaux et nationaux alternent (avec une prédominance des premiers aux principaux journaux) ; les reportages concernant des accidents ou des disparitions ne montrent pas de sang, mais des lieux vidés, statiques. Un nombre considérable d’images de fleurs, d’insectes ou de paysages, est diffusé dans le journal, en particulier le matin avant 8h15, quand une série produite par la maison marque le début des programmes de la journée. Régulièrement, entre les sujets, lorsque les présentateurs reparaissent à l’écran, la caméra fait un gros plan sur le bouquet du studio. Les paysages ou les vues de Tokyo servent de transition et agrémentent la météo. Les JT de la journée ressemblent plus à des flashs, même s’ils peuvent être relativement longs. La ville reparaît au journal télévisé de 18 heures ; ce sont des vues du soir qui tombe sur Tokyo, puis des lumières de la nuit. La nature est omniprésente dans le traitement des sujets lui-même. Tout est prétexte à filmer une branche d’arbre (pour évoquer la douleur des “raptés” de Corée du Nord) ; les reporters se placent devant un beau paysage, une vue dégagée. La NHK est vivante (si vivante que les intervenants extérieurs paraissent un peu intimidés) : la présentatrice sportive est habillée casual, les présentateurs principaux, qui sont deux au journal du matin puis à 18h10, font des commentaires sur les sujets, sourient, saluent les invités. Les graphiques sont souvent remplacés par des panneaux, assez ludiques, que tient le journaliste devant la caméra. La NHK répercute aussi la courtoisie des rapports sociaux. Les animateurs des émissions politiques n’apparaissent jamais en gros plan. Pendant qu’ils posent des questions, la caméra montre les invités, attentifs, ou élargit son champ pour montrer plusieurs invités avec l’animateur qui n’apparaît pas même lorsqu’il annonce la fin de l’émission ; on voit alors les invités se saluer. Il n’interrompt pas, ça va de soi, et les invités s’interrompent peu entre eux. La NHK prend sa mission de service public à cœur. Elle fait des émissions sur des couples binationaux, invite des étrangers sur ses plateaux ; elle retransmet des représentations théâtrales, laisse une large place au chant (enka notamment), et offre un aperçu de toute la culture japonaise et du furusato, ce “terroir” à la japonaise (l’omochi que l’on prépare pour les fêtes, un village aux toits de chaume et leur entretien, des onsen qui ont ouvert à Tokyo, etc.). L’un de ses programmes “jeunesse” (kodomo news) consiste en des enquêtes réalisées par des enfants (sur les passeports, la tabagie…). Elle accompagne ses taiga dorama de commentaires historiques (elle passe le week-end une série sur le célèbre personnage historique Musashi). La chaîne a beau afficher un respect de la parité homme-femme, la prédominance des hommes parmi les spécialistes (y compris du nettoyage, pour le “grand ménage” du nouvel an – qui correspond à notre grand lavage de printemps) et les hommes politiques est manifeste. Mais les femmes qui apparaissent témoignent de l’évolution en cours : elles ont généralement autour trente ans. Guibourg Delamotte |