“Congé de paternité”… Tous les dictionnaires sont formels, il n’y a pas de traduction exacte en japonais pour cette formule. Au Japon, l’usage fait qu’on parle plutôt de ikuji kyûka (ikuji pour “éducation des enfants” et kyûka pour “congé”), formulation qui ne précise donc pas à qui profite le droit de laisser momentanément son travail de côté pour s’occuper de bébé à plein temps. Alors que la loi, elle, est sans ambiguïté et concerne aussi bien l’homme que la femme. Avec un tel flou dans les mots, on constate sans surprise que finalement la majorité des papas nippons ne profitent pas de ce droit. Parmi eux, il y a les ignorants qui ne se posent même pas la question de savoir si la naissance de leur enfant doit modifier le rythme de leur vie professionnelle, ne serait-ce que temporairement. Mais il y a aussi ceux que la conception de la loi décourage à franchir le pas, car si celle-ci autorise tout parent à délaisser son travail pour la durée de son choix au cours de la première année du bébé, elle ne garantit pas la moindre indemnisation. Pire: le fait de n’être qu’un droit pour l’intéressé et non une obligation pour l’employeur encourage les moins audacieux à garder le silence pour se préserver des mauvais regards. On touche ici au fond du problème: les papas japonais ont beau être de plus en plus enclins à jouer les nounous, l’environnement social ne les aide pas. Sacralisé à outrance, le travail justifie aujourd’hui encore l’absence de nombreux pères dans la famille japonaise, et les femmes, sans être systématiquement mises de côté, continuent à être considérées comme naturellement destinées à s’occuper des enfants après la naissance. A tous les papas nippons réfractaires: il faut bien faire roter bébé ! “Geppu !” Pierre Ferragut |