Après avoir soutenu l’intervention américaine en Irak, le Premier ministre japonais, Koizumi Junichiro, réaffirme son soutien inconditionnel aux Etats-Unis en annonçant l’envoi prochain de troupes japonaises en Irak. Malgré les conditions qui limitent l’exercice des troupes au maintien de l’ordre, à la réorganisation administrative du pays et à des actions humanitaires dans des zones pacifiées, la Diète a bel et bien autorisé, fin juillet dernier, le premier déploiement de troupes japonaises dans une zone en conflits depuis la Seconde guerre mondiale. Cette décision n’a pas été sans susciter les réactions, violentes parfois, de l’opposition et les contestations de plus de la moitié des Japonais. Le gouvernement prétend cependant devoir augmenter le rôle diplomatique du Japon et acquérir une expérience du terrain. Les troupes japonaises, vues comme les alliées des Etats-Unis et non protégées par le drapeau de l’ONU, ne s’exposent-elles cependant pas à un grave danger ? Étant donné la situation instable en Irak actuellement, est-il possible de garantir au Japon qu’il n’œuvrera que dans des zones pacifiées ? Le contraire le condamnerait à l’illégalité, d’autant plus si la rumeur selon laquelle les Etats-Unis attentent du Japon qu’il transporte des armes et des munitions, en plus des produits de première nécessité, se révélait exacte. Ces interrogations entretiennent le doute chez ceux qui craignent que les troupes japonaises ne soient perçues que comme les “valets de force des Etats-Unis”. La soumission de Koizumi face à la décision américaine de geler le projet d’exploitation des gisements d’Azadegan tant que l’Iran n’aura pas renoncé à son programme nucléaire et qui aurait couvert une part considérable des besoins pétroliers japonais, n’a fait qu’accentuer les contestations face au “suivisme” nippon. Cette fois, c’est la crédibilité du Japon dans toute la zone du Proche-Orient qui est mise en danger. |
Philippe Pons, «En envoyant un millier de soldats en Irak, Tokyo s’affiche en allié fidèle des Etats-Unis», Le Monde, 12/07/03. Régis Arnaud, « Le Japon enverra un millier d’hommes à Bagdad », Le Monde, 28/07/03. |
LA CORÉE DU NORD, ENCORE… Les 27, 28 et 29 août dernier s’est tenue à Pékin une “discussion à six” sur la situation du nucléaire en Corée du Nord. Après l’échec des premiers pourparlers, en avril 2003, la Chine a réussi à rassembler pour trois jours de discussions les Etats-Unis, les deux Corée, le Japon et la Russie. Ces négociations multilatérales, peu communes dans cette partie du monde, donnent au conflit américano-nord-coréen une nouvelle dimension, à savoir la sécurité collective. Alors qu’une partie de l’administration américaine estime que seul un changement de régime politique peut garantir la non prolifération nucléaire en Corée du Nord, les voisins asiatiques sont davantage favorables à une neutralisation du danger qui ne provoquerait pas de bouleversements dans la région. Seul un compromis pourrait conduire à ce résultat : il faudrait, d’une part, que Pyongyang accepte l’arrêt de son programme nucléaire et que Washington lui fournisse des assurances de sécurité, en dépit de son refus de signer le traité de non-agression réclamé par la Corée du Nord. L’arrêt de son programme militaire garantirait à la Corée du Nord une “récompense” économique de taille de la part des Etats-Unis et du Japon. Pour l’instant, le renforcement de l’arsenal japonais sous la pression nord-coréenne fait craindre une course à l’armement et le quotidien est rendu difficile pour les Nord-Coréens résidant au Japon : brimades, menaces, tirs au pistolet sur des immeubles liés à la Corée du Nord. Alors que certains, au Japon, réaffirment l’opportunité de la détention de l’arme atomique, la population reste majoritairement opposée au nucléaire en général. Quoiqu’il en soit, il est prévu que la discussion reprenne dans quelques mois… |
Patrick Jarreau et Philippe Pons, « Discussions à six, à Pékin, pour contrer la menace nord-coréenne », Le Monde, 27/08/03. Jean-Jacques Mével, « L’Extrême-Orient s’initie à la sécurité collective », Le Figaro, 28/08/03. |
UN MODÈLE DE FESTIVAL Sa rareté et son prix donnent en tout cas un avant-goût de ce qu’est l’événement culturel dans un système privatisé : sponsorisé par le secteur privé, les prix des billets s’élèvent entre 150 et 400 euros et il constitue l’unique occasion annuelle de rassembler une telle affiche. Il faut dire que 140 concerts figuraient au programme de la 7ème édition du Fuji Rock Festival qui a attirée 100 000 personnes. C’est au niveau de la politique écologique que le festival constitue un modèle : chaque fumeur reçoit un cendrier portatif, les eaux usées sont irriguées, les billets sont offerts pour les candidats aux triages de détritus et une fois le festival terminé, l’ONG Future Forest replante le nombre d’arbres nécessaire pour compenser la quantité de carbone brûlée en trois jours. Cela laisse songeur… |
Michel Temman, «Les Japonais babas de rock écolo», Libération, 30/07/03 |
Marianne Bié |