Derrière General Motor et Ford, devant Honda et Nissan, il y a Toyota. Le 3e constructeur mondial affiche des résultats records cette année malgré une consommation domestique atone. Toyota c’est une ville au Japon où 60% de la population travaille pour une des 18 usines du même nom, d’où sortent 2700 voitures par jour, c’est un musée qui reçoit 320 000 visiteurs par an et c’est aussi et surtout un modèle de production qui a fait ses preuves depuis qu’en 1937 TOYODA Kiichiro transforma l’usine de métier à tisser de papa pour y construire des voitures. Aujourd’hui Toyota produit dans 26 pays et vend 6 millions de véhicules par an dans le monde, dont les deux-tiers à l’étranger et réalise 130 milliards d’euros de chiffre d’affaire. Son territoire de prédilection est encore les Etats-Unis dont la firme a conquis 10% du marché. Avec la Yaris (produite à Valenciennes) et la Corolla, l’objectif des 5% de part de marché en Europe devrait arriver plus tôt que prévu (peut-être avant 2005). L’objectif global à moyen terme de la société est clair, il s’agit d’obtenir 15% du marché mondial d’ici 2010. Selon M. OKUDA Hiroshi, président du conseil d’administration de Toyota «aujourd’hui le marché automobile mondial n’est pas mature, le parc n’est que de 700 millions de voitures pour 6 milliards d’habitants sur la planète». Tout reste donc à faire. Ainsi, après s’être implanté en Europe de l’Est (République Tchèque), Toyota mise sur les marchés de demain, ceux de la Chine, de l’Inde et de la Russie. Dans la même optique d’anticipation, Toyota commercialise avec Honda une voiture dotée de piles à combustible : elle est non-polluante, l’électricité qui la propulse est obtenue par une réaction d’oxygène et d’hydrogène. Bien sûr «l’investissement est 100 fois supérieur à celui d’une voiture ordinaire mais des innovations en feront baisser le coût» estime WATANABE Hiroyuki, directeur de la recherche et du développement. Toyota investit (davantage que les constructeurs américains) et table sur la voiture propre. Elle sait s’adapter aux marchés (en sortant des modèles diesel en France), innove ses modèles avant qu’ils ne s’essoufflent et jouit d’un fort label qualité-fiabilité accordé aux constructeurs japonais de façon globale, comme l’a mis en évidence dans une enquête récente, le consultant allemand JD Power. Premier constructeur mondial par sa capitalisation en bourse, Toyota a le vent en poupe en cette fin d’année.
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Florentin Collomp, «Toyota, les secrets de fabrication», Le journal du dimanche, 1/12/02. Alain-Gabriel Verdevoye, «L’automobile japonaise repart à l’assaut du marché mondial », La Tribune, 13/11/02. Charles Gautier, «Toyoya vise 15% du marché mondial», Le Figaro économie, 15/11/02. |
COUPS D’ŒIL…
• 17euros (2000¥) c’est ce que vous risquez à fumer dans l’une des huit zones de l’arrondissement central de Chiyoda à Tokyo qui abrite le palais impérial, le Parlement et ainsi que des sociétés. Cette interdiction fait suite aux plaintes des habitants de ce quartier qui en avait assez de cette pollution de mégots. • L’historien IENAGA Saburo est décédé le 1er décembre. Son combat a été de lutter dès les années 50 contre le négationnisme dont faisait preuve le Ministère japonais de l’Education dans les livres scolaires. • En 14 ans le nombre des brasseries de saké est passé de 2500 à 1600, et depuis 30 ans la consommation de l’alcool de riz ne fait que chuter. La faute à qui ? A la bière ! • La population japonaise est vieillissante, à la fin du siècle à venir, il ne restera que la moitié de la population actuelle (127 millions). Aujourd’hui la population active est insuffisante mais le pays ne souhaitant pas d’immigrés, il faudra que les travailleurs partent plus tard à la retraite. Selon OHAMA Yutaka, les 65-74 ans formeraient une nouvelle catégorie : les «jeunes-vieux», 14 millions de Japonais vigoureux, prêts à reprendre le chemin du bureau. «Si l’on concevait la vieillesse à 75 ans, le Japon serait encore une société jeune». Certes…Etant donné la baisse de spensions de retraite, les anciens vieux ne devraient plus tarder à se décider… • Derrière chaque sage image du Japon s’en cache une autre, déjantée, inattendue, choquante? La chaîne UG Growing up corp. vient de créer l’endroit le plus couru de Tokyo : le Christon Café : décor biblique kitsch à souhait mêlant brouhaha, statues du Christ, filles en mini jupes, autel et ambiance de café. C’est mignon (kawaii !), nouveau, cool, et on n’y voit rien de mal. • Plus de 30% de l’électricité au Japon est d’origine nucléaire. A Fukushima se trouvent des centrales nucléaires dont les réacteurs n’ont pas toujours été inspectés comme il aurait fallu, et ce, depuis des années, comme l’a reconnu la société d’électricité Tepco fin août. Des rapports ont été falsifiés pour masquer des fissures. L’agence japonaise de sûreté nucléaire accable la Tepco, regrettant que les leçons de Tokaimura (accident nucléaire de 1999) n’aient pas été retenues.
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Richard Werly, «Le nucléaire dégringole de son piédestal» , Libération, 19/11/02. Philippe Pons, «Les églises-cafés de Tokyo, «c’est quand même mieux que McDo»», Le Monde, 28/11/02. Régis Arnaud, «Les septuagénaires, avenir du Japon», La Tribune, 31/10/02. Philippe Pons, «Saburo Ienaga, contre le révisionnisme au Japon», Le Monde, 5/12/02. Régis Arnaud, « Le goût du saké », Le Point, 15/11/02. Philippe Pons, «17e d’amende pour les fumeurs dans le centre de Tokyo», Le Monde, 8/11/02. |
Jennifer Pocart |