Ce qu’il y a de bien avec les transports en commun au Japon, c’est qu’ils sont soumis à des horaires relativement bien respectés. A moins d’un tremblement de terre, de pluies diluviennes, de voies enneigées ou autres incidents techniques, les trains et les métros arrivent et partent à l’heure, rendant complètement superflus l’idée même de rejoindre le quai avec de longues minutes d’avance. Il y a ceux qui en profitent, et ceux qui en abusent. Dans les gares, les annonces par haut-parleur et les différents écriteaux n’y peuvent rien: ils ont beau ressasser énergiquement qu’il ne faut pas courir pour monter en voiture alors que les portes se referment, on en voit toujours quelques uns jouer les cascadeurs. Ils ont quand même intérêt à faire attention où ils mettent les pieds, ces adeptes du rentre-dedans, car à trop tirer sur le chronomètre ils risquent de se retrouver sans crier gare et sans le vouloir dans un de ces wagons réservés aux femmes. Et dans le cas d’un homme, forcément, difficile de passer inaperçu. Imaginez le salaryman encore essoufflé de sa course, jetant de furtifs coups d’œil tout autour de lui: kyoro kyoro, pour s’apercevoir qu’il est le seul homme du wagon…
La raison de tels wagons sur les lignes à forte fréquentation aux heures de pointe? Des mains très baladeuses. Mais ce que je vois surtout, ce sont des hommes et des femmes pas fichus de vivre ensemble sans faire de conneries, et une barrière de plus entre eux en guise de prétendue solution. Pas très adulte tout ça.
Pierre Ferragut