Aujourd’hui on ne peut échapper à la déferlante des films d’animations japonais qui sévit sur nos grands écrans, le dernier en date “Le voyage de Chihiro” de MIYAZAKI Hayao a fait un pur tabac en France. On peut penser que ce phénomène permet d’installer encore davantage le marché du manga dans l’hexagone. Au Japon, ce marché est énorme (400 millions d’exemplaires par an) et se décline selon des publics très variés: le manga éducatif pour la femme enceinte, ceux pour les salary-man, même Carlos Ghosn raconte le succès de la reprise de Nissan par ce média, comme l’a fait l’entraîneur de l’équipe japonaise de football, Troussier-Kantoku ! Il faut reconnaître que les panels des thèmes et des styles des mangas vont en se développant. Le “man-ga”, étymologiquement “amu-santes-images”, peut aussi raconter des histoires portées par une dramaturgie forte, pas forcément drôle, qui pourrait même faire de l’ombre au roman. Anna Gavalda cite “Le journal de mon père” de TANIGUCHI Jiro chez Casterman en 3 tomes ou encore “Les pilules bleues” du Suisse Frederik Peeters chez Atrabil. D’abord mal accueilli en France au début des années 90, le manga qui visait les ados connaît le succès avec Dragon Ball: 42 volumes de 150 pages vendus moitié moins cher qu’une traditionnelle BD. Les thèmes autrefois trop axés sur la violence ou le sexe, se diversifient et le manga “adulte” qui traite de problèmes de société arrive en France. En 2001, 400 mangas ont été traduits et publiés en France avec 4 millions d’exemplaires vendus, ce qui représente un quart des nouveautés BD. C’est aujourd’hui un genre littéraire à part entière, indéniablement.
(Ne manquez pas “Japan Expo”, 4ème édition, du 5 au 7 juillet, au Cnit de la Défense, 01 45 93 12 20)
Benoist Simmat, “L’invasion des ovnis mangas”, Journal du dimanche, 02/06/02.
Stéphanie Belpêche, “Le manga voit le monde en couleurs”, JDD, 02/06/02.
Anna Gavalda, “Je dois tout à la BD”, JDD, 02/06/02.
COREE-JAPON: DEUX GAGNANTS Co-organiser le Mondial 2002 a forcé les frères ennemis historiques que sont le Japon et la Corée du Sud à se faire face. Au delà de l’aspect sportif, c’est un acte politique fort. L’enjeu d’une organisation réussie était énorme car c’est la première fois que le Mondial se passe en Asie et elle peut par ailleurs permettre aux deux pays d’avancer sur un terrain économique en accélérant la création de la zone de libre-échange qui opposerait une force à une Chine bientôt trop puissante. Les animosités sont nées avec l’histoire (la Corée a été colonisée par l’Archipel de 1910 à 1945) et la rancoeur est parfois ravivée par des maladresses diplomatiques. Les nouvelles générations des deux pays semblent vouloir accélérer l’évolution des mentalités et se tourner vers les enjeux de l’avenir. Il reste qu’on flaire un parfum de concurrence dans l’organisation du Mondial, pour la première fois confiée à deux pays hôtes: au niveau des infrastructures, chaque pays a construit 10 stades, alors que les bénéfices seront divisés par deux. D’aucuns disent que les problèmes aussi risquent d’être multipliés par deux. Le marché est déséquilibré: le PIB de la Corée du Sud n’est que le neuvième mondial, celui du Japon, le deuxième, cependant, le coût de la vie est bien moins cher sur la péninsule, ce qui attire forcément les supporters et les touristes, sans oublier les centres de télédiffusion qui y font des économies. Les deux pays n’ont pas lésiné sur les dépenses, sans savoir si la rentabilité serait au rendez-vous (tout dépend des résultats de l’équipe du Japon…), mais en pariant sûrement sur un après-Mondial diplomatiquement gagnant.
Richard Werly, “Corée-Japon, la partie inégale”, Libération, 31/05/02.
Philippe Pons, “Le Mondial aidera au rapprochement entre Japon et Corée du Sud”, Le monde , 01/06/02.
AU CREUX DU CYCLE L’économie japonaise semble aller mieux. En tout cas, il paraît qu’elle ne peut pas aller plus mal et les indicateurs du premier trimestre (dont ceux du Nikkei) sont rassurants. Reste que les ménages n’ont pas encore repris confiance pour une meilleure consommation. D’après KOIZUMI Junichiro, le premier ministre, le processus des réformes prendra une dizaine d’années. Il entend mener des réformes fiscales très libérales comme abaisser les taux d’imposition directe, sur le revenu, sur les droits de sucession. Une conséquence des réformes sera celle du chômage (aujourd’hui à 5,2%) qui devrait atteindre les 10% de la population active d’ici 2012. Face à ce problème, l’Europe (France et Pays-Bas) pourrait bien être une source d’inspiration pour le gouvernement japonais: en effet, une réduction du temps de travail, plus qu’une réduction du nombre des travailleurs pourrait être envisagée. Avant cette phase, il semble que c’est vers l’option allemande de protection de l’emploi (enrayer la dégradation) que dans un premier temps, le Japon se tournerait.
Philippe Pons, “Le Japon en crise s’intéresse au modèle social européen”, Le monde , 28/05/02.
Jean-Pierre Robin, “Japon, pays riche, pays désemparé”, Le Figaro économie, 11/04/02.
Arnaud Rodier, “La détérioration nippone «arrive à son terme”, Le Figaro économie, 26/04/02.
Jean-Pierre Robin, “Le Japon mettra dix ans à se réformer”, Le Figaro économie, 09/04/02.