Les Presses Universitaires de Grenoble avaient publié il y a plus de 10 ans une méthode en deux tomes avec cassettes, pour l’apprentissage du japonais appelée «Parlons japonais» avec le sumo souriant en couverture. La première version ayant bien vécu, les PUG ont décidé d’éditer en septembre dernier une nouvelle version, avec CD cette fois, toujours élaborée par HIGASHI Tomoko et OGUMA Kazuro. Le tome 1 est en vente et le 2 est à paraître. Il est dit que ce premier niveau demande environ 100 heures d’étude, c’est un grand minimum, il semblerait! Au premier abord, on remarquera tout de suite les efforts fournis pour la mise en page: le format du livre est plus petit mais la typographie, les couleurs bleutées et la qualité du papier le rendent plus agréable à utiliser que son précédent modèle. La liste des caractères chinois (kanji) a disparu pour faire place à davantage d’exercices et à leurs corrigés. Le nombre des leçons est également passé de 15 à 10, ce qui permet d’approfondir les bases et de reléguer au tome 2 quelques difficultés que l’on appréhendera mieux après l’assimilation du niveau 1. Chaque leçon se compose des mêmes différentes parties: dialogue, grammaire, expressions, vocabulaire, lecture, pratiques, exercices, mise au point grammaticale et la partie «langue et société» qui est très enrichissante. C’est une méthode qui mise sur l’aspect oral du japonais et qui vise un public francophone. Une précision importante à relever: ce n’est pas une méthode pour autodidacte, l’accompagnement par un professeur de japonais semble indispensable à un débutant complet, et cela pour différentes raisons: Avant de commencer la leçon 1, il faut pouvoir lire et maîtriser les deux syllabaires japonais (hiragana et katakana) or ce qu’apporte le livre sur les premières pages est une base, mais ne suffit pas. De même, les kanji apparaissent dès le début. Il faut savoir qu’il n’y a pas de matériel pour les apprendre dans la méthode, et vous êtes libre de développer leur apprentissage par vous-même, c’est un travail parallèle. Le CD, qui est sûrement un plus au niveau sonore, pêche par sa rapidité: on a voulu en mettre beaucoup, voire trop ! Il aurait fallu 2 CD avec un professeur vous répétant ce qui est trop rapidement prononcé et vous faisant répéter au bon rythme tout en vous corrigeant. Il n’y a pratiquement pas de blanc sur la bande! Par ailleurs, les explications grammaticales ou sociales sont parfois si complexes qu’il est bon qu’un professeur les détaille ou les illustre davantage, et quand elles sont parfois un peu rapides, là aussi, un professeur est encore nécessaire. Bon travail! Jennifer Pocart |
Parlons japonais, tome 1 |
Chroniques murakamiennes | |
Les fidèles lecteurs des livres de Murakami Haruki le savent bien : les personnages de ses romans sont en général des gens modestes. Des salariés, chômeurs, étudiants, femmes au foyer, etc., déconnectés de la société et qui se laissent engluer par la routine. Bref, pas vraiment des battants. Le Japon des années 1990. Le narrateur, Okada Tôru, la trentaine, vient de démissionner sans raison particulière du cabinet juridique dans lequel il travaillait. N’ayant aucune perspective quant à ce qu’il va faire ensuite, il convient avec son épouse, Kumiko, de rester à la maison et de s’accorder un temps de réflexion. Promu chômeur au foyer, il s’occupe de tous les petits détails de la vie quotidienne en attendant le retour de sa femme. Et le train-train des événements ordinaires a tôt fait de s’installer, jusqu’au moment où la situation dérape et lui échappe inéluctablement : alors que le chat n’a pas reparu depuis quelques jours, Kumiko le quitte elle aussi brutalement et disparaît sans laisser de traces. Seul ou en compagnie d’autres personnages comme les sœurs Kanô, dont l’une est adepte des sciences occultes, la jeune May, une adolescente maligne qui fait l’école buissonnière, ou le lieutenant Mamiya, un ancien combattant qui a perdu une main durant l’occupation de la Manchourie, le héros va traverser des états de réalité pour le moins insolites, ponctués par le cri d’un oiseau du voisinage surnommé “l’oiseau à ressort”. C’est finalement en descendant et en s’isolant au fond d’un puits (!), le lieu emblématique de ce roman-fleuve, qu’il parviendra à s’absorber dans une réflexion abstraite d’ordre métaphysique, afin de mettre en lumière cet “angle mort” qu’il porte en lui. Et après maints rebondissements, entre songes, souvenirs et vie réelle, il parviendra à émerger, alors que le chat et l’épouse refont enfin surface… Dans ce roman, Murakami Haruki nous plonge donc à nouveau dans une trame entrecroisée, véritable labyrinthe dans lequel l’avancement de l’intrigue et la psychologie des personnages ont tendance à nous échapper. Mais ce n’est en rien rebutant, et le lecteur se trouve rapidement pris – voire capturé – dans cette histoire cocasse qui est aussi pleine d’humour. C’est certain, ce livre mérite vraiment qu’on le lise ! Clément Bonnier |
Les Chroniques de l’oiseau à ressort traduit du japonais par Corinne Atlan avec Karine Chesneau Seuil, Paris, 2001, 741 p., 24,39 euros |