Aïko est née le premier décembre. Fille de la princesse OWADA Masako, 37 ans et du prince héritier Naruhito, 41 ans, fils aîné de l’actuel empereur Akihito. C’est le premier enfant du couple princier, marié en 1993. Après la fausse couche de Masako en 1999, attribuée en partie à la pression des médias et au stress ainsi engendré, le déroulement de sa grossesse a été religieusement gardé. Depuis la confirmation tardive de grossesse en avril, aucune information n’a jamais été communiquée et le sexe du bébé était un secret d’Etat. C’est donc une fille, et cette naissance pourra peut-être amorcer un nouveau débat sur la possibilité de l’accession des filles au trône pour l’instant interdite au Japon. Cet événement aura un autre impact : d’un côté, celui pour les Japonais de “redécouvrir leur famille royale cachée derrière les paravents protocolaires” selon YOMOTA Takashi, directeur de l’hebdomadaire “Shukan Shincho”, mais aussi celui de la consommation sur l’économie. En effet, à l’annonce de la grossesse de la princesse en avril, la Bourse de Tokyo s’était enflammée, on a alors parlé d’une «reprise Masako». Les fabriquants d’articles de puériculture ont vu la valeur de leurs actions doubler à ce moment-là! La société Takara qui nie avoir profité des événements, a lancé sur le marché des poupées style Barbie…enceintes! C’est en envoyant une carte postale au fabriquant que les petites filles peuvent délivrer Rika-chan, grâce à une clé magique qu’on leur renvoie! Si c’est pas du marketing, ça!
Richard Werly, “Le Japon s’apprête à accoucher”, Libération, 21/11/01.
Philippe Pons, “Un bébé impérial pour le Japon”,
Le Monde, 12/12/01.
Arnaud Rodier, “Japon: la poupée, les lycéens et l’économie”, Le Figaro, 21/11/01.
ÇA ROULE POUR TOYOTA
En France, on connaît surtout Toyata, troisième constructeur automobile mondial, pour s’être implanté à Valenciennes afin de produire la “Yaris”. — Certains d’entre vous auront peut-être suivi le documentaire sur France2 le 11 novembre. — La firme japonaise y a apporté 4,5 milliards d’investissements et la création de 2600 emplois. Si le marché européen reste encore problématique pour la société, c’est surtout les marchés domestique et américain qui lui ont permis de développer son chiffre d’affaires cette année. Malgré la récession mondiale ambiante, Toyoya tire son épingle du jeu en affichant un résultat semestriel record (291,11 milliards de yens), en hausse de 82,4% par rapport à la même période en 2000. Bien sûr, l’affaiblissement du yen a favorisé la compétitivité sur le marché américain, ainsi qu’une politique de prêts à taux zéro. Fort de ce succès, Toyota prévoit de vendre 5,85 millions de véhicules d’ici mars 2002, contre 5,52 l’an passé.
Marie-Hélène Martin, “Toyota ne perd pas le Nord”, Libération, 10/12/01.
Aude Sérès, “Nouvelle année record en vue pour Toyota”, Le Figaro économie, 09/11/01.
FIN D’ANNÉE ALARMISTE
Rien ne va plus, les jeux sont faits! Non, non, et heureusement que l’économie est une réalité vivante, en constante mutation, car si on devait arrêter le bilan du Japon à décembre 2001, il aurait de quoi s’inquiéter: un taux de chômage record (5,3%), une Bourse morne, faillite sur faillite et une récession à venir… Ça fait maintenant 10 ans que le Japon fait face à ses démons, les premiers ministres se sont succédés sans que rien ne change (4 récessions en 10 ans), même KOIZUMI, l’actuel responsable ne peut entreprendre ce qu’il avait prévu. L’OCDE a prévenu le Japon que deux années de récession seraient à prévoir “si le secteur bancaire n’est pas assaini et les efforts de consolidation budgétaire ne sont pas poursuivis”, avec un PIB en recul de 0,75% en 2001 et de 1% en 2002. A son arrivée au pouvoir en mars, le premier ministre KOIZUMI avait promis de s’occuper des créances douteuses des banques, mais seul le tiers des mauvais prêts a été épongé. Ces créances sont évaluées entre 32 500 et 237 milliards de yens (!), les spécialistes pensent qu’il faudra près de vingt ans pour s’en débarrasser. Bien que KOIZUMI voulait rationaliser les dépenses publiques, mettre fin aux grands travaux d’infrastructure, la situation est telle qu’il a dû faire marche arrière, et a dû faire approuver deux collectifs budgétaires de 3 et 4 000 milliards de yens: la moitié des dépenses ira vers les travaux publics, et le reste servira à stimuler le secteur privé (environnement, éducation, 3ème âge, création d’emplois…). La dette du pays s’élève maintenant à 140% du PIB, la plus élevée des pays de l’OCDE. L’agence de notation Fitch vient de rétrograder la note de la dette de l’Etat nippon de AA+ à AA, en expliquant que les exportations et l’investissement high-tech du Japon ont été freinés par la récession mondiale. D’où une tentation de dépréciation de la monnaie … à suivre.
Arnaud Rodier, “Koizumi balance entre réforme et relance”, Le Figaro économie, 27/11/01.
Arnaud Rodier, “Le Japon sous haute surveillance”,
Le Figaro économie, 21/11/01.
Louis Chenaille, “Japon: haro sur Koizumi”, Le point, 23/11/01.
A.R., “Au Japon, la relance pour l’emploi”, Le Figaro économie, 08/11/01.
Jean-Pierre Robin, “Le Japon, créancier de la planète, et au bord de la faillite”, Le Figaro économie, 29/11/01.
Jennifer Pocart