Au moment où j’écris ces lignes, le soleil tape fort derrière la vitre, m’obligeant à fermer les rideaux et à laisser la climatisation allumée. Nous sommes le 18 septembre et le thermomètre indique plus de 30 degrés. Non, l’été n’est pas fini au Japon. Et pourtant, les innombrables publicités de saison (bières automnales, etc) semblent s’acharner à nous faire croire le contraire. Un des signes de cette ténacité estivale est la présence dans les foyers, malgré l’imminence d’octobre, d’au moins un éventail à portée de main. Je ne parle pas de l’éventail traditionnel, pliable et donc très convoité dans les transports en commun par ceux à qui la sur-climatisation ne suffit pas (il y en a !). Les éventails qui gisent tout l’été sur la table basse du salon, dans le premier tiroir ou sur le poste de télévision, sont le plus souvent des objets d’une bien moindre valeur. Certes, nombreux encore seraient, paraît-il, les Japonais adeptes de l’éventail traditionnel local fait d’une tige de bambou et d’une feuille de papier (uchiwa). Mais c’est sans aucun doute leur version en plastique qui fait le gros de la production nationale d’éventails. Certains en font collection. Pourquoi s’acharner à fabriquer autant de ces uchiwa même pas en bambou? Parce que ce sont autant d’écrans publicitaires difficiles à refuser quand on vous en tend un dans la rue et qu’il fait super chaud à mourir. Le geste vient naturellement. Agitez le poignet et l’éventail vous murmure ses vibrations: patapata. Alors? Quel effet ça fait ce petit rafraîchissement sponsorisé ?
Pierre Ferragut