KOIZUMI Junichiro était en France début juillet, à l’occasion d’une tournée européenne destinée à préparer le sommet du G8 à Gênes. Outre les questions d’ordre économique, la question de l’avenir du protocole de Kyoto de 1997, concernant les gaz à effet de serre, a été au centre des discussions. Mr KOIZUMI a prêché la patience de la France et de ses partenaires européens et une attitude conciliante envers les Etats-Unis, qui se sont retirés du processus en mars dernier. George W. Bush avait alors unilatéralement proclamé la mort de ce protocole, jugé trop coûteux pour l’économie américaine. Pour entrer en application l’accord doit être ratifié par au moins 55% pays signataires représentant 55% des émissions de gaz à effet de serre. L’Europe, la Russie et le Japon en représentant 57,5%, le soutien de Tokyo était donc indispensable à l’Europe, qui souhaite à tout prix voir l’accord entrer en vigueur. Mais Washington ne semble pas avoir ménagé ses efforts en coulisse pour que sa proclamation de mort du protocole se transforme bel et bien en un acte de décès. Et le Japon, outre qu’il ne souhaite pas marginaliser les Etats-Unis, a lui aussi trois bonnes raisons pour ne pas signer. Tout d’abord, le redémarrage de son industrie, crucial pour sortir de la récession, passe par une émission accrue des gaz incriminés. D’autre part, si l’accord était signé sans les Etats-Unis, l’industrie américaine pourrait alors augmenter sa production, ce qui lui permettrait d’accroître sa compétitivité, et représenterait une menace pour l’industrie nippone. Enfin, la réduction massive d’émissions toxiques impliquerait que le Japon développe son parc de centrales nucléaires, ce qui irait à l’encontre de l’opinion publique. La “conférence de suivi” organisée à Bonn du 16 au 23 juillet devait dans ses circonstances décider de l’avenir du protocole de 1997. Un accord a finalement été enlevé à l’arraché par l’Union Européenne après de dures négociations, et 178 pays l’ont adopté. Le Japon a obtenu que la porte reste ouverte aux Américains, de même qu’un certain nombre de concessions, notamment sur les pénalités encourus en cas de non respect des engagements pris. Chacun a donc sauvé la face, mais les modalités d’application du protocole, négociées depuis maintenant 3 ans et demi, ne sont toujours pas entièrement définies. |
Adrien Jaulmes, “Junichiro Koizumi à Paris pour préparer le sommet du G8”, Le Figaro, 04/07/01.
“Rencontre Chirac- Koizumi”, Le Figaro, 05/07/01. Philippe Gélie, “ Le Japon lâche l’Europe ”, Le Figaro, 12/07/01. AFP, “Tokyo assouplit sa position sur Kyoto”, Le Monde, 04/07/01. Richard Werly, “Le Japon fâché avec son climat”, Libération, 19/07/01.
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ISHIHARA SAVOURE LA VICTOIRE ISHIHARA Shintaro vient d’être réélu le 24 juin gouverneur de Tokyo. Le septuagénaire a plus d’une corde à son arc. Romancier à succès et polémiste (on lui doit notamment “Le Japon qui peut dire non”), il joue volontiers l’intellectuel pour fustiger le système (“Je suis contre le système car il est devenu une coquille vide”) et le populiste pour tenir des discours patriotiques à la limite de la xénophobie. ISHIHARA, tout comme KOIZUMI Junichiro dont il serait le mentor, ne manque pas de charisme et détonne parmi les hommes politiques japonais. On lui prête d’ailleurs le souhait caché de créer son propre parti politique lorsque son mandat de gouverneur touchera à sa fin dans 2 ans, et pourquoi pas de diriger un jour son pays. Il est vrai que les leaders charismatiques semblent avoir le vent en poupe à l’heure actuelle au Japon, et qu’il devient moins rare d’entendre un homme politique jouer la base contre l’administration, ou le petit entrepreneur contre le bureaucrate, pour reprendre les termes de Richard Werly dans Libération. ISHIHARA a donc sans doute encore un bel avenir devant lui. |
Richard Werly, “Ishihara le démago réélu gouverneur de Tokyo”, Libération, 29/06/01. |
Clotilde Leroy |