Tout d’abord, le distributeur Alive (qui annonce d’autre part la réédition du KAGEMUSHA d’A. Kurosawa en version intégrale pour la fin de l’année) nous propose dès le 1er août un programme “Ozu en couleurs”, avec les six films tardifs post-noir et blanc de l’auteur, en copies neuves : Fleurs d’équinoxe (Higanbana, 1958), Bonjour (Ohayo, 1959, remake en couleurs de Gosses de Tokyo, 1932), Herbes flottantes (Ukigusa, 1959, remake en couleurs de Histoire d’herbes flottantes, 1934), Fin d’Automne (Akibiyori, 1960), remake de Printemps tardif, 1949), Dernier caprice (Kohayagawa-ke no aki, 1961), et l’ultime Le Goût du saké (Samma no aji, 1962). Comme pour le parlant, Y. Ozu avait longtemps reculé l’usage de la couleur, expérimentée pour la première fois au Japon par Kinoshita en 1951 (Carmen…), déclarant ensuite, et pour toute excuse: “Je sentais que j’aurais regretté plus tard d’avoir manqué l’occasion…”. Ah, sô desuka? En tout cas, alors que le colorisme de son opérateur habituel Atsuta Yushun (ou Yuharu) dans quatre de ces films est assez classique et discret, le contraste est saisissant avec la palette magique du grand Miyagawa Kazuo dans Ukigusa, le seul film produit par la Daiei, où la composition des plans et l’atmosphère des lieux lui doit beaucoup. De même pour la photo de Nakai Asaichi pour Dernier Caprice, aux tonalités différentes d’Atsuta. Se replonger dans ces Herbes flottantes toutes affaires cessantes! De son côté, L’Etrange Festival, manifestation incontournable de la fin d’été (pas très ozuesque…) au Forum des Images, proposera cette année, du 22 août au 4 septembre à son public très spécial un hommage au cinéaste ès-yakuza Fukasaku Kinji, redécouvert l’an dernier au festival de Rotterdam, avec en prime l’inédit Battle Royale, sorte de “Loft story” sanglant en plein air (!) qui fit scandale au Japon l’an dernier. Autre allumé nippon, Ishii Takashi, auteur de Gonin (et la suite), qui oscille entre le meilleur et le pire, toujours dans le mauvais goût affiché très prisé par l’Etrange Festival (qui hommagera d’autre part l’actrice Barbara Steele, et l’écrivain-cinéaste Norman Mailer). Bon appétit, mais prévoyez un solide digestif! Au registre “mauvais goût cultivé”, les amateurs ne manqueront surtout pas le seul film de Kitano encore inédit en France, Getting any? (Minna yatteruka, 1994, tourné juste avant son accident de moto), une pochade “hénaurme”, aux gags hors de tout jugement, aux confins du post-surréalisme trash (les fantasmes sexuels et autres d’un pauvre type, qui se transforme en mouche à merde à la fin, avec, entre autres, moqueries du cinéma de Kurosawa Akira et Zatoichi…) qui donnera à ceux qui ne connaissaient pas cet aspect une idée du “Beat” Takeshi de la télé japonaise, à l’exact opposé de l’image du Kitano auteur si respecté en France. Triomphe de la schizophrénie kitanesque.Vous hurlerez de rire, ou courrez aux abris! Enfin, beaucoup plus classique est la reprise annoncée de la rétrospective Naruse Mikio à la Maison de la Culture du Japon, du 20 septembre au 20 décembre, sur laquelle nous reviendrons. Donc, bon été japonais, et, bien sûr, “sore ja mata”. Max Tessier |
“OZU EN COULEURS” (six films, avec leurs bande-annonces), du 1er au 21 août, au Max Linder Panorama (reprise à l’Action Ecoles dès le 22 août, pour trois semaines, ou plus). GETTING ANY? (Minna yatteruka?), L’ETRANGE FESTIVAL, RETROSPECTIVE NARUSE MIKIO, |