Malgré quelques rétrospectives, ici et là, le documentaire reste un peu “l’enfant pauvre” de la grande famille du cinéma japonais. Et pourtant, des dizaines d’œuvres ont marqué l’histoire de ce cinéma depuis les origines, et surtout depuis les années trente, grâce à des cinéastes comme Kamei Fumio (Soldats au combat / Tatakau heitai, 1939, le remarquable Kobayashi Issa, 1941, ou La Tragédie du Japon / Nihon no higeki, 1946, à ne pas confondre avec le film de fiction de K. Kinoshita, 1953), ou Ishimoto Tokichi (Yukiguni / Pays de neige, 1939). Mais c’est essentiellement la génération des années soixante qui a renouvelé le genre, dans des films socialement et politiquement plus actifs, avec entre autres les deux grands représentants que sont Ogawa Shinsuke (série des films sur la résistance à la construction de l’aéroport de Narita, et le long et minutieux Magino monogatari / Histoire du village Magino, 1982/ 222’), et Tsuchimoto Noriaki (série des films sur la pollution chimique à Minamata, ou Dans les rues / Dokyumento rojo, 1964), entre autres films marquants. On oublie aussi trop souvent que d’importants cinéastes de fiction, comme Oshima Nagisa ou Matsumoto Toshio furent également d’éminents documentaristes: Le journal de Yunbogi / Yunbogi no nikki , de Oshima N., 1963; Nishijin, les tisserands de Tokyo, 1961, et Le chant des pierres / Ishi no uta, 1963, de T. Matsumoto. Ils sont relayés aujourd’hui par Kawase Naomi ou Aoyama Shinji, par exemple, qui se partagent entre fiction et documentaire, mélangeant parfois les deux genres dans un assaut de réalité. Comme le fait remarquer Yano Kazuyuki (directeur de Yamagata) dans son introduction: “Si le courant documentaire des années 60 et 70 a offert au genre des œuvres en prise directe avec la réalité sociale, il en est allé tout autrement avec les œuvres des deux décennies suivantes, qui se sont tournées inexorablement vers la description de la sphère personnelle”. En témoignent des films de cinéastes tels que Tsuchiya Yukata (Le nouveau dieu/ Atarashii kamisama, 1999, et deux autres films présentés ici), encore que des œuvres de Sato Makoto (Vivre de la rivière Agano / Aga ni ikiru, 1992), ou de Morio Tatsuya (Aum, édition internationale/ “A,” 1999) viennent un peu contredire cette affirmation. En tout, 22 films sont présentés dans cette mini-rétrospective (difficile à mettre sur pied, à cause des copies et des droits), ce qui est à peine suffisant pour donner une idée des principaux courants du genre. Le programme, commencé le 6 février, se poursuit jusqu’au 24 mars, tous les samedis. Enfin, côté fiction, signalons les sorties prochaines de Tokyo Fist (de Tsukamoto Shinya), Nos voisins les Yamada (Tonari no Yamada, de Takahata Isao), et Ring 1 (de Nakata Hideo), fin mars / début avril, sur lesquels nous reviendrons en détail. Sore ja, mata, Max Tessier
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OGAWA Shinsuke “Histoire de Magino”
* Maison de la Culture du Japon à Paris, |