Lors de mon premier voyage au Japon il y a maintenant 7 ans, j’expérimentai dès mon arrivée dans ma famille d’accueil les bienfaits de la modernité niponne par le biais d’un fauteuil-masseur électrique. A peine mes bagages posés dans ce qui allait être ma chambre pour quelques semaines, mes hôtes m’assurèrent que j’étais exténué par tout ce long voyage en avion et m’invitèrent prestement à prendre place sur le fauteuil-robot du salon pour me refaire une santé. J’ai tenu moins d’une minute… Au moyen d’une télécommande, on actionne toute une série de fonctions qui massent le corps de la tête aux pieds, littéralement. C’est certes plus d’une minute qu’il m’aurait fallu pour tester en profondeur toutes les commandes de la machine, mais ma brève expérience m’a quand même permis de distinguer deux grands types de massage: les gros brassages de fond lents qui vous pétrissent en force sans forcément ménager vos omoplates ou vos vertèbres cervicales, et les petites vibrations de très faible amplitude qui vous secouent selon une fréquence pour le moins impressionnante et fortement redoutée par les chatouilleux de mon espèce. Mais ma plus grande surprise fut de voir que cette “chaise électrique” n’était pas simplement le gadget d’un père de famille proche de la retraite, et que tous les grands magasins de la ville y consacraient un rayon. Souvent squattés par les mamies et les papis en sortie, les emplacements de fauteuils-masseurs en démonstration font office d’aires de repos et nous transposent en pleine scéance de kinésithérapie. Ceci aujourd’hui plus que jamais, et comme les prévisions pour ce nouveau millénaire sont formelles quant au vieillissement de la population japonaise, croyez-moi, ça va vibrer !
Pierre Ferragut