Découvert en 1997 avec son premier long-métrage, 2/DUO, après s’être formé au documentaire et à la télévision, Suwa récidive aujourd’hui avec M/OTHER (jeu sémantique sur Mother et “other”, comme la barre l’indique…), dont la première mondiale eut lieu à la Quinzaine des Réalisateurs de Cannes 99. Ce film assez “radical”, de près de 2h30, fait partie de toute une série de films d’auteurs à petit budget, produits en toute liberté par le jeune Sento Takenori. La conception même de M/OTHER est délibérément anti-conventionnelle: réalisé sans scénario, le film est basé sur une série de conversations improvisées par les acteurs et le réalisateur, enregistrées avant chaque scène. Plutôt que l’histoire d’un couple “moderne”, le film s’articule sur ses cassures et ses dissensions, à partir d’un canevas volé au quotidien: une femme, Aki (Watanabe Makiko), qui vit avec un propriétaire de restaurant, Tetsuro (Miura Tomokazu), voit sa relation brusquement modifiée par l’irruption du fils de Tetsuro, Shun (Takahashi Ryudai), à la suite d’un accident survenu à sa mère, l’ex-femme de Tetsuro. Des tensions parfois insupportables vont marquer le couple, au bord de la rupture lorsque Shun fuit sa nouvelle demeure, et qu’Aki cherche à s’installer ailleurs. En fait, l’enfant est le catalyseur qui révèle le couple à lui-même et accentue sa désunion. Si vous trouvez que le film est “cassavetesien” (ce qu’il est au cours de certaines scènes, mais sans l’aisance de l’américain), peut-être serez-vous sous influence. Sinon, l’exaspération et l’ennui peuvent rapidement vous gagner: M/OTHER est un film qui réclame la participation du spectateur, et sa patience constructive… Sore ja mata, (2h27).Sortie à Paris le 15 mars. |