Lancé en novembre 1994, Shûkan Kinyôbi est un hebdomadaire qui dénote dans le paysage médiatique japonais habitué à des magazines plus intéressés à analyser la vie privée de telle ou telle personnalité du show business qu’à publier des enquêtes ou des articles engagés. Résolument implanté dans le camp progressiste, “l’hebdomadaire du vendredi” s’est bâti une solide réputation d’empêcheur de tourner en rond en mettant à plusieurs reprises les pieds dans le plat politique. Aujourd’hui il passe pour un empêcheur de “consommer en rond” dans un pays où la consommation a été portée aux nues. Depuis 1996, le magazine publie une série intitulée katte wa ikenai (N’achetez pas !) dans laquelle les journalistes s’en prennent à de nombreux produits de consommation courante en analysant leur composition ou en dénonçant leurs effets négatifs. Disposant d’une faible diffusion, Shûkan Kinyôbi n’inquiétait guère les industriels, mais en décidant d’en faire un ouvrage (éd. Natsume Shobô) disponible dans toutes les librairies et d’en faire un best seller (1 850 000 exemplaires depuis juin dernier), les responsables de l’hebdomadaire ont suscité une intense polémique qui s’est notamment traduite par la publication d’articles et d’ouvrages, comme “katte wa ikenai” wa uso dearu (“N’achetez pas” est un mensonge, éd. Bungei Shunju) de Higaki Takashi, dans lesquels les différents auteurs critiquent l’engagement du magazine. Quoi qu’on en pense, cette série d’articles a montré que Shûkan Kinyôbi était en phase avec la société japonaise, une société de plus en plus sensible à son mode de vie.
Odaira Namihei