Dans le monde quelque peu aseptisé de la pop japonaise, un groupe de quatre musiciens est en train de bousculer les bonnes vieilles habitudes et d’imposer un style qui ne plaît pas à tout le monde. Dragon Ash, c’est son nom, a pourtant réussi à conquérir une partie du public, lequel s’arrache aujourd’hui sa production. Parallèlement à Utada Hikaru, cette jeune chanteuse qui a battu tous les records de vente dans l’Archipel en refusant de se laisser mouler par le système, Dragon Ash fait figure de nouveau porte-étendard de la jeunesse nippone. D’ailleurs leur dernier album intitulé Viva la revolution, dont la pochette est librement inspirée de La liberté en marche d’Eugène Delacroix, est l’expression de leur désir de changement. Sur le plan musical, les membres du groupe sont très influencés par le hip hop, “un genre, pouvait-on lire, qui ne pourrait pas s’imposer au Japon car inadapté à la langue et à la tradition musicale japonaises”. Or le premier single Grateful Days tiré de l’album s’est rapidement classé en tête des ventes. Sorti le 1er mai dernier, le groupe en avait vendu plus de 720 000 à la mi-juin. Contre l’avis général de la critique, Dragon Ash semble capable de conquérir un large public grâce auquel les quatre musiciens peuvent espérer figurer parmi les meilleures ventes de l’année. Les raisons de ce succès fulgurant – Viva la revolution n’est que leur troisième album en deux ans – sont à rechercher dans le charisme qu’ils dégagent et dans les textes des chansons. Pierre angulaire du groupe, Furuya Kenji, qui vient à peine d’avoir 20 ans, écrit pratiquement l’ensemble des chansons et oriente la vie du groupe en fonction de ses envies. Et elles sont nombreuses ! Comme le rappelait récemment le mensuel Nikkei Entertainment, Furuya met un point d’honneur à adopter une tenue vestimentaire et une apparence en phase avec la rue. Pour Grateful Days, Furuya Kenji s’est entouré de Zeebra et Aco, deux des artistes les plus en vue de la scène rap nippone, pour rédiger les paroles et travailler la façon de les dire. Cette alchimie leur permet de caracoler en tête des palmarès et d’imposer un style que l’on ne rencontrait jusqu’alors que sur la scène alternative.