Takahashi Tetsuya, l’un des nombreux intellectuels japonais à lutter contre le révisionisme, poursuit ici (voir OVNI n°437) sa critique du néonationalisme japonais comme il a eu l’occasion de le faire lors de son intervention en avril dernier à Espace Japon. Dans cet article, je m’attacherai au deuxième type du discours néonationaliste japonais, plus compliqué, plus raffiné peut-être, et donc plus difficile à évaluer, à savoir la “pensée sur le Japon après la défaite” (haisengo ron) de Kato Norihiro. Selon lui, après la défaite de la Seconde Guerre mondiale, le Japon a souffert, et souffre toujours, d’un dédoublement de la personnalité. D’un côté, il y a ceux qu’on appelle les progressistes (kakushinha, ävêVîh), qui correspondraient approximativement à la gauche politique. Selon Kato, ce serait une partie de la personnalité japonaise divisée, dédoublée, et ce qu’il appelle le “soi orienté vers l’extérieur”. Pourquoi “vers l’extérieur” ? Parce que cette partie de la personnalité, ce soi, cet ego de moitié, se fonde sur les idées universelles importées de l’étranger, telles que les principes de la Constitution, la démocratie, les droits de l’homme, etc. De l’autre côté, il y a ceux qu’on appelle les conservateurs (hoshuha), qui correspondraient en gros à la droite politique. Ce serait l’autre partie de la personnalité japonaise, que Kato appelle le “soi orienté vers l’intérieur”. “Vers l’intérieur”, parce que ce soi, cet ego de moitié est enraciné dans les valeurs traditionnelles ou autochtones telles que la patrie, l’empereur, la pureté ethnique du peuple japonais, etc. Dès le début de l’argumentation de Kato, on peut remarquer un pré-supposé très contestable. Tout commence comme si le Japon était originairement une personne individuelle. C’est justement la défaite, expérience catastrophique et traumatisante qui aurait divisé une personnalité nationale indivisible. Le Japon en tant que personnalité nationale, originairement indivisible, non divisée en tous cas, n’est-ce pas déjà une hypothèse manifestement nationaliste? Mais Kato insiste sur ce point parce que, selon lui, pour que les Japonais puissent assumer leurs responsabilités dans la guerre vis-à-vis des victimes en tant que sujet national unifié, il faut éliminer ce dédoublement de la personnalité. La Constitution, un problème ? Un Kato chantre d’un nationalisme “raisonnable” |
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