Si vous ne le saviez pas déjà, l’histoire et les Japonais ne font pas très bon ménage. Depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale, les polémiques autour des responsa-bilités de l’armée impériale dans les massacres perpétrés en Chine et dans d’autres pays asiatiques n’ont pas manqué. Pour ne parler que de l’année 1998, on peut citer deux événements qui ont suscité pas mal de remous dans l’Archipel mais aussi dans le reste du continent asiatique. Le premier concerne un film, dont le titre Pride (Fierté) – en anglais dans le texte – en dit déjà long sur les intentions de son réalisateur. En présentant volontairement le général Tojo, l’un des principaux responsables de l’impérialisme nippon, comme un bon pépé-gâteau, le réalisateur a provoqué l’ire des Chinois qui, eux, n’ont pas oublié les atrocités commises sous ses ordres. L’autre affaire met en cause Kobayashi Yoshinori, un dessinateur de manga réputé, dont l’ouvrage Sensôron (De la guerre), un modèle de révisionnisme, s’est très bien vendu surtout chez les jeunes. Ces deux cas montrent à quel point le sujet est sensible. A la mi-février, on a appris que la sortie de la traduction japonaise de The rape of Nanking (Le sac de Nankin), un ouvrage écrit par une journaliste américaine d’origine chinoise, Iris Chang, serait retardée, l’éditeur, Kashiwa Shobô, ayant subi de nombreuses pressions. Au Japon, on n’aime pas trop raviver les mauvais souvenirs.