Objet d’une interdiction de diffusion depuis la fin de la guerre, les produits culturels nippons ont désormais droit de citer en Corée du Sud. Max Tessier revient sur son volet cinématographique.
Alors que les films japonais faisaient de nouveau un tabac au 3ème Festival International de Pusan (Corée du Sud) en présence de nombreux cinéastes venus de Tokyo (Koreda Hirokazu, Tsukamoto Shinya, Iwai Shunji, Imamura Shohei, etc.), la question se posait toujours de savoir si le gouvernement coréen allait enfin lever l’interdiction officielle qui les banissait des salles de la péninsule depuis… 1945. En effet, cette attitude protectionniste devenait un peu ridicule dans sa peur chronique d’ouvrir ses portes au cinéma de l’ancien colonisateur, dans la mesure où la jeunesse coréenne, avide de consommer les produits culturels du “modèle” japonais avait relativement aisément accès aux films interdits par le biais de vidéo-cassettes à peine clandestines. L’interdiction a finalement été levée le 20 octobre dernier, à la suite d’un protocole d’accord signé entre le Japon et la Corée, le ministre de la Culture et du Tourisme, Mr Shin Nak-Kyun, déclarant : “A l’époque de la globalisation, il n’est pas logique de bannir une culture spécifique, en particulier lorsqu’il n’y a pas de limitations aux autres cultures”.
Dans un premier temps, seuls les films primés dans les trois festivals internationaux majeurs (Cannes, Venise, Berlin) et aux Oscars hollywoodiens (sic) seront autorisés, et l’importation des films en co-production avec la Corée recevra la priorité en attendant une plus grande ouverture. Cela va donc de Rashômon (1950) à Unagi (L’Anguille, 1997) ! Reste à savoir combien de temps la curiosité longtemps aiguisée des spectateurs coréens restera en éveil pour un cinéma aujourd’hui très inégal.