Au-delà de leurs performances sportives, les médaillés japonais des derniers jeux Olympiques ont beaucoup fait parler d’eux dans leur pays, et par-dessus tout de… leur chevelure. En effet, le médaillé d’or en saut à ski, Funaki Kazuyoshi, a des mèches teintées, et celui de patinage de vitesse, Shimizu Hiroyasu, les cheveux décolorés. La belle affaire, me direz-vous. Mais justement, au Japon, l’affaire est de taille. Car, de l’école au lycée, que l’exigence figure ou non dans le règlement écrit de l’établissement, les Japonais doivent avoir les cheveux noirs et raides. Interdites donc les permanentes et les teintures, mais, et cela est plus grave, les enfants dont les cheveux ne sont pas complètement noirs ou pas complètement raides peuvent avoir à prouver que cela est naturel, et peuvent avoir à les teindre en noir ou à les couper très court à la demande de l’établissement dans lequel ils sont inscrits, afin de ne pas “attirer l’attention”. Or, si l’on en croit Frédérique Amaoua, “ces attitudes discriminatoires sont encore plus fortes dans le monde du sport”. Suffisamment fortes en tout cas pour que l’entraîneur de Okazaki Tomomi, médaillée olympique en patinage de vitesse âgée de 26 ans (!), lui demande de se séparer de ses mèches auburn (chapatsu)…
Frédérique Amaoua, “Japon : les sportifs défrisent la norme”, Libération, 23/03/98.
L’ANNEE DE LA FRANCE
Selon une enquête réalisée auprès de décideurs japonais, la France n’est pour le Japon qu’un partenaire de “deuxième ordre”, peuplée de gens créatifs et heureux mais “individualistes et bornés”.
Les célébrations diverses organisées à l’occasion de “L’Année de la France au Japon” vont précisément tenter de développer les liens économiques entre les deux pays et d’atténuer cette vision quelque peu caricaturale de nos concitoyens.
Le coup d’envoi de cette manifestation a été donné le 28 avril avec l’inauguration par Jacques Chirac de la Statue de la Liberté. Démontée pour la circonstance de son socle du Pont de Grenelle, elle trônera pendant douze mois dans la baie de Tokyo, symbolisant l’attachement de la France à l’idée de liberté. L’ont suivi au pays du Soleil levant dix-sept moutons, quinze chèvres, huit vaches, des chevaux, des poneys et plus de soixante-dix variétés de chêne des terroirs français, qui constituent quant à eux le clou du “Salon de l’agriculture et des régions françaises”, événement phare de “L’Année de la France” inaugurée le 29 avril dans la capitale nippone. La France a été également l’invitée d’honneur de la “Foire internationale du livre” de Tokyo, et sera présente sur tous les fronts : les sciences, les arts plastiques, le cinéma, la musique, la danse, la mode… Espérons donc que “L’Année de la France” remportera le même succès que “L’Année du Japon en France”, qui vient de s’achever.
“La liberté émerge au Japon”, Libération, 06/03/98.
Philippe Pons, “La tentation française au Japon”, Le Monde, 24/04/98.
Baudouin Bollaert, “La 44e visite de Chirac à Tokyo”, Le Figaro, 25-26/04/98.
Philippe Pons, “Jacques Chirac inaugure l’Année de la France au Japon”, Le Monde, 29/04/98.
Marie-France Calle, “La France se vend mieux au Japon”, Le Figaro, 30/04/98.
Gilles Bresson, “A Tokyo, Chirac europtimiste et sumophile”, Libération, 30/04/98.
Pascale Robert-Diard, “Au Salon de Tokyo, veaux-vaches-moutons, Alain Juppé et le président”, Le Monde, 30/04/98.