J’adore le riz au lait et les gâteaux de riz. Malheureusement, au Japon, les occasions de me mettre de tels desserts sous la dent sont plutôt rares, sinon inexistantes. Le simple fait d’en évoquer la recette provoque presque systématique-ment un sentiment de dégoût chez la majorité des personnes à qui je confie ainsi mes fantasmes culinaires. L’association riz-sucre semble opérer ici une sorte de blocage. Pourtant, le mochi, cette pâte de riz gluant collante à souhait, se mange aussi bien salé que sucré et tous les Japonais en raffolent.
Pendant la saison des pluies, de mochi, point on n’a envie. Avec cette humidité, des senbei, on préfère manger… Passons sur la transition et parlons donc de senbei. Car il est encore question de riz, et c’est même à base de mochi que sont préparés les biscuits secs que sont les senbei. En cette période de l’année, rien de tel qu’une de ces bonnes petites galettes de riz croquantes qui parviennent à faire oublier momentanément la moiteur ambiante par leur consistance. Ça croustille dur sous la dent : pari pari. Généralement enduit de sauce de soja, souvent déguisé d’une fine feuille d’algue sèche, le senbei existe sous toutes sortes de formes. Parfois garni de cacahuètes, il poursuit toujours le même dessein: croustiller. Mais laissé aux méfaits d’un climat aussi chaud que humide, il perdrait très vite sa raison d’être. C’est pourquoi les Japonais, rois de l’emballage (faut-il le rappeler ?), mettent un soin des plus minutieux à la confection des étuis. Il n’est pas rare que les senbei soient répartis dans de petits sachets individuels avec pour chacun d’eux une dose de produit siccativant. A ce moment de l’année, l’humidité, il faut éviter. Pendant la saison des pluies, de moisi, point on n’a envie…
Pierre Ferragut