NTT-DoCoMo est le propriétaire de la technologie I-mode, le Net sur le portable, à laquelle ont déjà mordu 30 millions de Japonais: 950 millions de messages par jour sur ce réseau, 2000 sites officiels et 50000 crées par les particuliers sont ouverts aux abonnés, les téléphones Foma 3G (3ème génération) permettent même de regarder des bandes-annonces vidéo. La compagnie a annoncé qu’elle ferait sous peu des essais de téléphonie mobile de 4G. En France, après le flop du WAP (sorte de minitel sur le mobile) la course à la technologie continue mais prudence et anticipation s’imposent: quels services pour le consommateur français? L’engouement des Japonais pour leur “Keitai-meilleur ami” n’est pas forcément transposable en France. Au Japon, le mobile participe au lien social d’une autre façon qu’en France, il réactive l’appartenance au groupe. En France, le SMS (petits messages sur mobile) a mis 10 ans avant d’avoir du succès! Difficile de savoir quels services rencontreront la faveur des mobiles-surfers français. En 1992, le GSM était la norme européenne, idéale pour faire voyager les voix. Puis, plus rapide, le GPRS que les opérateurs mobiles mettent du temps à adopter. Maintenant c’est l’UMTS dit réseau de troisième génération qui a un débit 40 fois supérieur à celui du GSM qui déferle, relayé par le 4G. L’infrastructure coûte cher et le lancement grand public n’est prévu que pour mi-2003. Les fabricants de terminaux (Nokia, Siemens, Ericsson…) freinent cette frénésie en soulignant les difficultés: mauvais réseaux, ruptures de liaison, batteries qui lâchent. Aujourd’hui, impossible d’envoyer un MMS (message multimédia) d’un Nokia vers un Ericsson: il faut que ce soit 2 Nokia! Sentant qu’en France, créer son site I-mode pourra séduire ses utilisateurs, Bouygues Télécom discute les conditions d’une licence avec NTT-DoCoMo, chez SFR, on réfléchit… | Catherine Maussion, “Une bouée de sauvetage pour certains opérateurs”, Libération, 10/03/02. Richard Werly, “Japon, le Net mobile à ma carte”, Libération, 21/03/02. Catherine Maussion, “De la friture sur les lignes européennes”, Libération, 23-24/03/02. |
ETEIGNEZ VOS PORTABLES…
Mitsubishi a annoncé jeudi 28 février l’arrêt de sa production de terminaux mobiles en France d’ici la fin 2003, dans la commune d’Etrelles, en Ile-et-Vilaine. Coup de bambou pour les 1140 salariés, dont la moyenne d’âge est de 28 ans, qui pensaient travailler dans un produit d’avenir et être à l’abri des vagues de délocalisations qui touchent de nombreux secteurs industriels. Erreur, le site part pour la Chine. L’usine avait été construite en 1991, le groupe avait reçu 1,68 million d’euros d’aides publiques et devait pour la première fois en 2003, payer la taxe professionnelle d’1, 5 million d’euros. Les élus attendent le respect des engagements de la part de Mitsubishi dans le cadre du plan social. Le préfet de la région, Claude Guéant a annoncé que tout serait mis en oeuvre pour une réindustrialisation rapide du site et un réemploi des personnes licenciées. |
Pierre-Henri Allain, “Mitsubishi: l’amertume après l’emballement”, Libération, 11/03/02. Christian Tual “Mitsubishi supprime 1000 emplois en Ile-et-Vilaine”, Le monde, 2/03/02. |
NON-LIEU POUR LES CHATEAUX
YOKOI Hideki était une «figure» au Japon, à la tête d’un empire (hôtels, pachinko, immobiliers…) qu’il a commencé à construire après la guerre en rachetant des sociétes. Démêlés avec le fisc, et autres instances, il connaît la prison. C’est par ses enfants qu’il déploie les tentacules de son pouvoir et dans l’affaire des châteaux, c’est par le truchement de sa fille NAKAHARA Kiiko qu’il a agi en France. En 1990, en pleine bulle économique, elle achète 10 châteaux en France comme placement, pour le compte de la société de son père, la NSKK. Le scandale éclate en France quand on découvre que les châteaux sont dépouillés de leurs tapisseries, de leurs mobiliers, etc…et que ce patrimoine est vendu aux enchères publiques, laissant la carcasse à l’abandon. Il se trouve que la loi de l’époque sur la protection du patrimoine mobilier “permettait” de laisser ce patrimoine se brader (avec interdiction de sortie du territoire national…). Les meubles étaient librement négociables par le propriétaire. L’affaire des châteaux a permis d’attirer l’attention sur ce que le législateur permettait potentiellement et qui s’est alors produit. Depuis avril 2001, une loi vise à protéger ce mobilier de façon plus stricte. Pour l’affaire, après 10 ans de procédure, un non-lieu a été prononcé le 11 février dernier, la justice reconnaît une absence totale d’infractions. NAKAHARA est blanchie: la société de son père refusait de payer les 2 millions de francs mensuels nécessaires à l’entretien des châteaux et ce à cause de la crise financière au Japon à cette époque. Les dégradations étant dues au manque de moyens, les propriétaires ne sont donc pas en cause. La nouvelle loi devrait permettre d’éviter ce genre d’aberrations… |
Brice Pedroletti, “Le milliardaire Hideki Yokoi a toujours mêlé spéculations et affaires de famille”, Le monde, 26/03/02. Piotr Smolar, “L’affaire des «châteaux japonais» s’achève par un non-lieu”, Le Monde, 26/03/02. |
Jennifer Pocart |