On considère souvent avec un certain mépris, au Japon comme en France, le look provocateur (anti-esthétique?) adopté par une majorité de collégiennes et lycéennes japonaises. Si le port de l’uniforme est encore obligatoire dans la quasi-totalité des établissements, celles-ci n’hésitent pas à en modifier
les coutures, à y apporter toutes les retouches qu’elles peuvent, du moment que le règlement intérieur de leur école (parfois très sévère) les y autorise. Symboles de cette recherche d’identité vestimentaire: les cheveux teintés en châtain (chappatsu), les “chaussettes-accordéon” (lose-sock) ou encore la mini-jupe. Mais le phénomène réside davantage dans l’homogénéité des modes, l’enthousiasme immédiatement partagée par des milliers de Japonaises en quête de reconnaissance. Or souvent, pour les collégiennes, plus que le règlement de l’école, c’est celui imposé par leurs aînées (les senpai) qui leur dicte la tenue à adopter dans l’enceinte de l’établissement. Ainsi, une jupe trop longue sur une élève de première année ne manquera pas d’irriter les filles des classes au-dessus qui, si elles se passent des remontrances du genre : “Eh! toi! Trop longue la jupe!”, ne pourront dissimuler leur énervement: ira ira . Quand l’originalité forme au conformisme !
Pierre Ferragut