“Le peuple m’a donné une leçon”: c’est par ces mots que l’on pourrait résumer les excuses publiques de HASHIMOTO Ryutaro à la nation le 22 septembre: en effet, suite à un important remaniement ministériel début septembre avait été nommé ministre de la Coordination administrative SATO Koko, jadis condamné dans le scandale Lockheed… ce que pour la première fois l’opinion publique n’a pas accepté. Perçue comme le résultat de tractations internes à un P.L.D. de plus en plus coupé du peuple, cette nomination avait fait perdre vingt points dans les sondages au gouvernement en quinze jours, et a donc motivé la démarche d’excuses de HASHIMOTO et la démission de SATO.
Si cette démission provoquée par l’opinion publique est en soi un changement majeur dans les moeurs politiques japonaises, elle n’en résout pas pour autant la crise actuelle: outre l’arrivée sur l’échiquier politique d’un nouveau clivage autour de l’éthique, HASHIMOTO n’en est que plus diminué dans son parti et la coalition actuelle menace d’éclater; enfin, cette affaire a fini de discréditer une classe politique déjà très peu estimée.
Frédérique Amaoua, “Japon: un ministre démissionné par l’opinion publique”, Libération du 23/09.
Masao Kanazashi, “Les dirigeants nippons ont perdu tout bon sens”, Courrier International du 2 au 8/10.
Philippe Pons, “Le premier ministre japonais entame son deuxième mandat avec une autorité affaiblie”, Le Monde du 25/09.
Bon goût
Jacques Chirac ferait-il un bon urbaniste? Ce n’est pas en tout cas l’avis des habitants de Kyoto, effrayés par le projet du président français de construire une réplique du Pont des Arts dans leur ville. En effet, la célèbre passerelle parisienne pourrait ne pas se fondre parfaitement dans le cadre traditionnel du quartier de Pontocho, célèbre autant pour ses terrasses sur pilotis et ses hérons que pour ses maisons de geishas. Aussi les pétitions commencent-elles à circuler, soutenues par les associations de défense de l’environnement; le supérieur du temple de Shinmei-in a même été jusqu’à écrire directement à Jacques Chirac.
Cependant, ces initiatives sont pour l’instant restées sans réponses, aussi bien du côté français que de la part de la mairie de Kyoto, pour qui le pont facilitera simplement la circulation piétonne. De toute façon, la population semble aujourd’hui assez fataliste vis-à-vis d’une mairie qui a perdu toute crédibilité, au vu du saccage des sites historiques qui s’opère depuis des années dans la ville. Pourtant, l’ancienne capitale fait officiellement partie du patrimoine mondial… pour combien de temps?
Philippe Pons, “L’idée de Jacques Chirac qui risque de défigurer Kyoto”, le Monde du 10/09.
Règlements de comptes
Les autorités de Tokyo sont sur le qui-vive depuis le meurtre fin août de TAKUMI Masaru, numéro deux de la mafia japonaise, et pas moins de deux mille policiers restent de factions devant les immeubles que l’on dit appartenir aux Yakuzas. En effet, ce meurtre semble avoir été le premier épisode d’une vague importante de règlements de compte au sein même de l’organisation Yamaguchi-gumi, qui rassemblerait environ 40% de la pègre du pays.
Fondé au début du siècle, ce syndicat mafieux de Kobe est constitué d’un millier de gangs, qui reversent une partie de leur bénéfices à l’organisation. Cependant, la baisse des résultats ces dernières années avait forcé le Yamaguchi-gumi à se réorganiser, sous l’impulsion de TAKUMI. C’est à ce moment-là qu’il s’était attiré la haine d’un gang, le Nakano-kai, auquel l’organisation semble aujourd’hui avoir déclaré la guerre à mort.
Benoît Chamouard.
Frédérique Amaoua, “Un meurtre relance la guerre des gangs au Japon “, Libération du 11/09.