Pashi L’euphorie qui avait accompagnée la Coupe du monde de football 2002 est vite retombée. Un nouvel entraîneur, quelques remaniements, et voilà que l’équipe nationale n’arrive plus à convaincre. Aujourd’hui, la médiocrité de ses prestations ne surprend plus, et les médias aussi bien que le public ne cachent pas leur désenchantement. Football, sport national? Certains en ont rêvé, d’autres y ont cru dur comme fer. Mais il faut se rendre à l’évidence, la fièvre du ballon rond n’est plus. C’est alors tout logiquement que l’on se tourne vers les valeurs sûres. Malgré la crise que traverse actuellement son économie, le base-ball demeure bel et bien le premier sport des Japonais. Exploit ou pas sur la scène internationale, les équipes locales professionnelles suffisent à générer des stars capables de remplir les stades et dont la vie privée alimente fréquemment les pages des magazines à scandale. Symbole de liberté après la Seconde guerre mondiale, le base-ball a fini par s’enraciner définitivement dans la culture du pays, aidé par la popularité de nombreuses séries de manga qui l’on fait entrer dans le monde de la fiction et donc du rêve. Aujourd’hui encore le base-ball continue de faire rêver. L’engouement que suscite chaque année le tournoi national inter-lycées montre d’ailleurs à quel point ce rêve est capable de monopoliser toute l’énergie d’un adolescent. Le base-ball est ainsi non seulement le sport national de l’Archipel, il est également de ces éléments qui marquent une société et sa culture. Alors, le week-end en famille, plutôt que de jouer à shooter dans un ballon, bien des petits Japonais préfèrent encore s’amuser au catch-ball, gant de base-ball à la main pour la réception : pashi.
Pierre Ferragut