Depuis trois décennies, l’architecture japonaise exerce une influence certaine sur la façon dont les Occidentaux perçoivent leur environnement. Comme le faisait remarquer Yann Nussaume dans Tadao Andô et la question du milieu (éd. Le Moniteur, 1999), “l’ouverture du Japon a eu des conséquences en Occident, incitant par exemple les architectes modernes à lier davantage l’espace intérieur de leurs bâtiments à l’extérieur”. Trois superbes ouvrages nous permettent aujourd’hui de prendre la mesure du travail accompli par les architectes japonais. A tout seigneur, tout honneur, le premier est consacré à Andô Tadao, l’autoditacte. L’éditeur européen Taschen lui consacre un très gros volume. Les dimensions exceptionnelles de l’ouvrage permettent de prendre la mesure de ses réalisations et de ses projets qui ont influencé nombre de jeunes architectes. “Andô Tadao a entrepris d’explorer le passé et le futur de l’architecture. Il a créé des liens entre l’Est et l’Ouest, la modernité et la tradition, la nature et l’environnement construit, la réalité très physique d’un matériau comme le béton et le royaume plus éthéré de l’esprit”, rappelle Philip Jodidio qui le connaît bien dans l’introduction. On ne se lasse pas d’admirer les œuvres de cet architecte qui a su utiliser l’eau, la lumière et la nature pour transcender les limites qui sont habituellement celles de la nature. On trouve dans Tadao Ando, complete works tout l’humanisme qui habite les projets de l’architecte japonais et on se plaît à rêver du jour où l’on pourra vivre dans l’un d’entre eux. De la même façon, on peut être tenté de vivre dans l’une des constructions imaginées par un autre grand architecte japonais : Ban Shigeru. Les éditions Phaidon proposent en effet de découvrir le travail de ce bâtisseur particulier. “C’est un architecte planétaire. Sa réflexion, ses voyages et son travail ne connaissent pas de frontières. Son œuvre est profondément pertinente par sa capacité à réunir les événements du monde et les convictions personnelles”, explique Matilda McQuaid à propos de l’engagement de Ban Shigeru, lequel illustre bien l’évolution de la société japonaise de plus en plus prompte à s’investir en cas de besoin. Le récent raz de marée en Asie l’a une nouvelle fois démontré. Dans cet ouvrage accompagné de très nombreuses photographies et des spécificités techniques de chacun des projets, le lecteur découvre la variété des matériaux auxquels Ban Shigeru a eu recours. Des tubes en carton utilisés pour réaliser des abris pour les sinistrés au bambou en passant par le bois, l’architecte a su mettre en valeur des matériaux parfois insolites comme en témoigne sa maison à rideaux qui, une fois encore, montre combien la tradition japonaise reste déterminante dans le travail de cet architecte. “Ses réalisations trahissent un intérêt pour certains thèmes récurrents de l’architecture nippone traditionnelle”, confimre Matilda McQuaid. Sa volonté d’assurer une continuité entre l’intérieur et l’extérieur que l’on retrouve dans la plupart des réalisations proposées dans ce très bel ouvrage en est l’illustration la plus notoire. D’autres architectes japonais sont à l’honneur dans le troisième volume de L’Architecture d’aujourd’hui paru chez Taschen. Au travers de la présentation des travaux de Yoneda Akira, Maki Fumihiko ou encore Kuma Kengo, on prend la mesure de l’influence grandissante des bâtisseurs nippons dont les réalisations réconcilient souvent l’homme avec son environnement. Claude Leblanc |
Philip Jodidio Matilda McQuaid Philip Jodidio |
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