Il devient vraiment difficile de suivre l’actualité cinématographique japonaise à Paris, tant les films se “bousculent au portillon” pour sortir, sans que leur carrière soit toujours garantie, tant s’en faut. Le “premier de la liste” est un film d’Aoyama Shinji (auteur de EUREKA), LA FORET SANS NOM (Namae no nai mori) (1), film modeste faisant partie d’une série, mais finalement plus réussi que le très surfait DESERT MOON, catastrophe critique et publique en 2001. Aoyama y reprend le personnage amusant du privé Mike Yokohama, alias Mike Hamaa, créé dans des films de Hayashi Kaizo dans les années 1990. L’acteur Nagase Masatoshi réendosse le personnage du détective branché “new look” (bien japonais…), qui, cette fois, mène une enquête dans une curieuse maison de retraite servant en fait de repaire à une secte, où s’est réfugiée la jeune fille qu’il recherche. Exercice de style sans trop de prétention, où Aoyama nous introduit au coeur de l’aliénation d’une certaine jeunesse, en sachant créer une atmosphère de mystère avec les moyens du bord, c’est à dire peu. On attend tout de même de l’auteur d’EUREKA des films plus ambitieux. Impossible de ne pas mentionner par ailleurs la sortie de STUPEUR ET TREMBLEMENTS (en japonais: “Gyôten to miburui”), très fidèle adaptation du fameux roman polémique d’Amélie Nothomb (1999) par Alain Corneau. Ceux qui ont aimé le livre, où l’auteur décrivait complaisamment sa terrible expérience d’employée dans une compagnie japonaise, adoreront sans doute Sylvie Testud (qui a tout de même appris le japonais pour son rôle!), alias Amélie, et surtout la très surprenante Tsuji Kaori dans le rôle de la perverse Fubuki, sa tortionnaire mentale. A l’inverse, les contempteurs du roman détesteront le film, malgré ses qualités cinématographiques. Alain Corneau se défend en revendiquant “la critique de la culture d’entreprise japonaise”, comme il le ferait de la nôtre, et déclare même que, selon son équipe japonaise, il pouvait aller “plus loin”… A vous de voir “jusqu’où on peut aller trop loin” dans la caricature, dans ce film qui laisse tout sauf indifférent. Mentionnons enfin la reprise, par les Acacias, de RAN (Chaos), dernière grande fresque historique de Kurosawa Akira, sur le thème du Roi Lear, de Shakespeare. Grandiose, quoique moins fulgurant que son CHATEAU DE L’ARAIGNEE (Kumonosu-Jô, 1957), admirable transposition de Macbeth. Pour ceux qui ont la chance d’avoir le câble ou le satellite, signalons un cycle de quatre films inédits de Masumura Yasuzô, sur Ciné-Classic, en mars: PASSION (Manji, 1964, d’après Tanizaki), LA FEMME DE SEISAKU (Seisaku no tsuma, 1965, un chef d’œuvre), Tatouage (Irezumi, 1966, d’après Tanizaki), tous avec la sublime Wakao Ayako, et LA BETE AVEUGLE (Môju, 1969, très étrange film d’après Edogawa Rampô). A vos cassettes! Enfin, le 5ème Festival du Film Asiatique de Deauville (du 13 au 16 mars) propose comme films japonais BLESSING BELL (Kôfuku no kane), le dernier film de Sabu (en compétition), et, dans le “panorama”, le dernier film de Sai Yoichi, DOING TIME, et le très “gore” SUICIDE CLUB, de Sono Shion, ainsi que, dans la section vidéo, MOON OVERFLOWING, de Sakamaki Ryota. Encore du riz sur la planche! Après ce copieux menu, retrouvons nous dans le prochain numéro pour la sortie du nouveau et superbe film de Yoshida Kiju, FEMMES EN MIROIR (Kagami no onnatachi), le 2 avril. Soreja, mata, Max Tessier |
Nagase Masatoshi (1) Bis repetita: le distributeur ne mentionne pas le titre japonais, se contentant du titre anglais (A forest with no name) comme titre “original”. Cela devient, vraiment, une très mauvaise habitude – et un manque de respect pour le film et son auteur. Dame! Sorties: |