Le cargo chargé de MOX (substance nucléaire à hauts risques), qui était parti de Cherbourg le 19 janvier dernier, a été accueilli par un millier de manifestants à son arrivée dans le port de Niigata le 24 mars à l’aube. Il semble bien en effet que la “fièvre contestataire” antinucléaire, pour reprendre les termes de Richard Werly, ait gagnée du terrain au Japon. Le décés de 2 personnes et la contamination de 400 autres lors de l’accident de la centrale de Tokaimura en 1999 a servi de détonateur à cette fronde, et de nombreux collectifs de riverains ont fait leur apparition dans les régions à forte densité de centrales. Ces associations épinglent notamment les grandes compagnies électriques japonaises pour leur recours à des “journaliers de l’atome”, à savoir l’utilisation de milliers d’ouvriers non spécialisés dans des tâches dangereuses qui les exposent aux radiations. Des plaintes de familles de victimes mortes du cancer sont d’ailleurs actuellement en cours.
Richard Werly, “Le Japon se rebelle contre les atomes”, Libération, 26/03/01.
L’ENVERS DE LA MEDAILLE
La presse nippone ne semble pas s’en être alarmée outre mesure, toute occupée qu’elle est à scruter l’amélioration des ventes de Nissan, mais la restructuration du deuxième constructeur automobile nippon a un coût humain. C’est ce que voulaient rappeler les salariés de l’usine de Murayama qui ont manifesté le 20 mars, sans illusion sur leur sort. Leur usine a fermé ses portes comme prévu le 31 mars, à l’exception d’une petite unité maintenue grâce à la négociation. 210 salariés sur les 1400 que comptait l’usine resteront donc sur place, tandis que les autres seront mutés ou partiront en pré-retraite. Deux autres sites du constructeur ont également mis la clé sous la porte le 31 mars. Mais la manifestation de Murayama est donc restée pratiquement inaperçue, ce qui doit bien arranger la direction de Nissan, qui apparemment ne souhaite pas communiquer “sur le sujet très sensible des fermetures d’usines”.
Richard Werly, “Nissan restructure à la mode Renault”, Libération, 28/03/01.
LA RUEE VERS L’OR
Un nouveau parc de loisirs Universal vient d’ouvrir fin mars à Osaka. Le parc est bien entendu consacré à l’industrie hollywoodienne et notamment aux grands classiques américains comme ET, Les dents de la mer ou Jurassic Parc. Miracle de la mondialisation, il a été financé par Vivendi, puisque le groupe français a racheté Universal en juin dernier. C’est donc un trio pour le moins inhabituel qui l’a inauguré : Arnold Swarzenegger (dans le rôle de la vedette américaine), Jean-Marie Tessier (dans le rôle du PDG de Vivendi) et le maire d’Osaka (dans le rôle de l’homme politique local). Mais n’est ce pas un pari risqué que d’ouvrir un parc d’attractions dans un pays qui fait la grève de la consommation? Apparemment non puisque les dépenses de loisirs sont en augmentation constante au Japon, et que le parc est situé dans une région économiquement dynamique, de surcroit assez éloignée de Disneyland Tokyo. On s’attend ainsi à ce qu’il reçoive 8 millions de visiteurs par an.
Richard Werly, “Vivendi ouvre un parc de loisirs Universal au Japon”, Libération, 31/03/01.
Louis Chenaille, “J2M amuse les Japonais”,
Le Point, 04/04/01.
ET UN, ET DEUX, ET…
… 5-0. Le score encaissé par les footballeurs japonais devant l’équipe de France le 24 mars à Paris est pour le moins sévère, à 14 mois de la Coupe du Monde 2002 que le Japon co-organise avec la Corée du Sud. Le match était certes amical, mais pour l’entraîneur (français) de l’équipe nippone le score doit être dur à avaler. Philippe Troussier le dit lui-même ses joueurs vont devoir apprendre beaucoup des joueurs étrangers. “Un match contre l’Italie ou la France ne se gagne pas avec des gentils garçons habitués à attendre le bus bien en rang et à regarder sagement des films pornos…”, dit-il. Toute une (bonne) éducation à refaire en somme. Les éditorialistes sportifs japonais semblent sceptiques sur les chances du “Commodore” Troussier, comme on le surnomme en référence au Commodore Perry, qui a forcé le Japon à s’ouvrir sur le reste du monde au XIXème siècle. Ses joueurs avaient pourtant remporté les titres de vice-champions du monde juniors en 1999, quarts-de-finalistes olympiques et champions d’Asie en 2000. Mais il leur reste plusieurs rencontres, contre l’Espagne, l’Allemagne… dans les prochains mois pour parfaire leur expérience internationale.
Clotilde Leroy
Brice Pedroletti, “Le football japonais veut apprendre en voyageant”, Le Monde, 24/03/01.
David Revault D’allonnes, “Zen Saint-Denis”, Libération, 24-25/03/01.
Richard Werly, “Troussier se fait une place au soleil levant”, Libération, 24-25/03/01.
Dominique Pagnoud, “La France à l’heure d’été”, Le Figaro, 26/03/01.
Elie Barth, “La démonstration des Bleus renvoie le Japon à ses doutes”, Le Monde, 27/03/01.