Il y a cinq ans, les Japonais s’étaient mis à la mode italienne. A l’époque, tout ce qui avait trait à l’Italie passionnait la population et les hommes politiques s’intéressaient aux expériences menées par les formations politiques italiennes, notamment au sein de la coalition de l’Olivier. Cela aurait très bien pu être appliqué au Japon. Cinq ans plus tard, c’est un autre pays étranger qui mobilise l’attention de l’opinion publique : les Pays-Bas. Deux raisons expliquent ce regain d’intérêt. La première concerne la réussite économique de la Hollande dont la situation, il y a une dizaine d’années, était aussi mauvaise que celle du Japon aujourd’hui. Aussi l’étude du modèle néerlandais qui a permis à “l’autre pays du fromage” de sortir de l’ornière est-elle devenue une priorité pour nombre d’économistes et de responsables en mal de réponses aux problèmes que rencontre l’Archipel.
La seconde raison a rapport avec l’histoire. En effet, 2000 marque le 400e anniversaire des relations entre les deux pays. Les liens entre le Japon et la Hollande ont été très serrés pendant près de deux siècles, les Hollandais étant les seuls étrangers avec les Chinois autorisés à commercer avec le Japon. D’abord en compétition avec les Portugais déjà bien implantés, les Hollandais ont profité de la disgrâce portugaise en 1639 pour devenir les principaux interlocuteurs occidentaux du Japon. Forcés à s’installer sur l’île de Deshima située dans la baie de Nagasaki, les représentants néerlandais vécurent au rythme des deux navires annuels qui apportaient des draps et du sucre et qui repartaient chargés de cuivre et de camphre. Le commerce eut, certes, son importance mais c’est l’influence culturelle de la Hollande qui fut déterminante.
Seul lien avec le monde extérieur pour un pays qui avait choisi l’isolement, le comptoir hollandais permit aux Japonais de s’informer sur la médecine pratiquée en Occident. Le “rangaku” (étude hollandaise) devint synonyme de l’acquisition des expériences menées au-delà des frontières de l’Archipel. Quatre cents ans plus tard, le Japon veut renouveler l’expérience.